Arrêts maladie : des médecins généralistes dénoncent le "harcèlement" de la Sécu
21 JUILLET 2017 – La politique d’économie de la Sécurité sociale sur les arrêts maladies est mise en cause par un syndicat de médecins généralistes. Il compare la procédure d’accompagnement par un médecin-conseil à du harcèlement, et regrette les procédures de l’Assurance maladie, qui ne prendraient en compte que des moyennes sans s’intéresser aux justifications des arrêts délivrés par les médecins.
Le premier syndicat de médecins généralistes libéraux, MG France, a fustigé vendredi les "méthodes" de l'Assurance maladie pour contrôler les prescriptions d'arrêts de travail, dénonçant le "harcèlement croissant" dont fait l'objet la profession, selon lui.
L'Assurance maladie, qui veut économiser 100 millions d'euros sur les indemnités journalières en 2018, a renforcé en 2015 "l'accompagnement" des médecins prescrivant beaucoup d'arrêts par rapport à leurs confères locaux, via des entretiens avec les médecins-conseil. Plus de 16.000 généralistes ont ainsi été "accompagnés", les procédures de mise sous objectif, voire de mise sous accord préalable (MSAP, l'arrêt de travail doit être validé par la Sécu) ne concernant qu'un nombre marginal de praticiens (environ 500 en 2015, selon l'Assurance maladie).
En 2015, 7,9 millions d'arrêts ont été remboursés dont 6,9 millions au titre de la maladie pour un montant total de près de 9 milliards d'euros.
Les arrêts de travail, "outil indispensable dans un monde professionnel de plus en plus dur", font partie de "l'arsenal thérapeutique du médecin", rappelle le syndicat dans un communiqué. Les généralistes "sont pourtant la cible d'un harcèlement croissant de la part de l'Assurance maladie", s'indigne-t-il, observant une multiplication "depuis des mois" des procédures de contrôle en régions.
"Absurdité des procédures"
Rien qu'en "Rhône-Alpes", par exemple, "1.200 médecins sur 5.000 ont reçu un courrier" questionnant leurs pratiques, explique le président du syndicat, Claude Leicher, défendant des médecins "épuisés" et "déstabilisés". Selon MG France, les "méthodes" de l'Assurance maladie "ne s'intéressent ni aux motifs" justifiant les arrêts, "ni même au fait que" les arrêts de longue durée (cancer, dépression sévère) sont "parfois déjà validés" par les médecins-conseil employés par les caisses.
"Seul le nombre total de jours d'arrêts prescrits par le médecin" est pris en compte, "dès lors qu'il déroge à des moyennes statistiques", dénonce le syndicat, soulignant "l'absurdité de procédures" qui pourraient inciter les praticiens à "renvoyer" leurs patients les plus lourds vers des confrères "pour alléger" leurs chiffres.
Les "pouvoirs publics" sont dès lors appelés à trancher : soit ils "délivrent" les médecins "de cette pression injuste, soit ils décident de confier" la prescription d'arrêts de travail "aux médecins-conseil des caisses", prévient MG France. Sans quoi, les médecins seront invités à "se protéger en demandant systématiquement au médecin-conseil d'examiner chaque patient" pour tout arrêt supérieur à une semaine.
Avec AFP