Le Dakar, un nouveau défi pour Philippe Croizon
Amputé des quatre membres, Philippe Croizon n'en est plus à son premier défi. Après la traversée de la Manche à la nage, puis le défi des cinq continents, cet ancien ouvrier-métallo se lance dans une nouvelle aventure : le Dakar 2017.
Pour son défi, Philippe Croizon, amputé des quatre membres, s'est entouré des meilleurs. Parmi eux, Yves Tartarin, 18 Dakar à son actif. "Un matin, Philippe m'a téléphoné. Il m'a parlé de son envie, de son désir et de son projet fou de pouvoir réaliser le Dakar. Et en trois minutes, on est parti sur un oui commun. On est vraiment sur un défi exceptionnel, d'abord humain et ensuite un peu technologique. Mais le challenge est hors norme donc c'est hyper cool", raconte le pilote de rallye.
Le challenge technologique est d'adapter la voiture au handicap de Philippe. Le garage est d'ailleurs spécialisé dans l'aménagement des véhicules pour personnes à mobilité réduite. Si le dispositif mis en place fonctionne, c'est grâce à un système hydromécanique : "C'est un mini-manche hydraulique avec une liaison mécanique aux commandes, à la fois aux roues et aux pédales. Cela permet de ressentir la route et de ressentir la position des pédales dans le manche", explique Jean-Daniel Kempf, ingénieur mécanique.
Une fois les derniers réglages terminés, place aux premiers essais. Pour ces quelques tours de piste, Philippe Croizon ne s'est pas encore entraîné physiquement. Mais bientôt le sport deviendra sa priorité : "Je me dis que je vais être entre dix et quinze heures par jour dans la voiture donc si je ne suis pas musclé, si je n'ai pas l'épaule bien prête et le cou bien prêt, ça va être compliqué pour moi et je n'irai pas loin. Je vais refaire de la natation, refaire du gainage abdos, dorsaux, muscler l'épaule et le cou pour le casque", confie-t-il.
Sur le Dakar, Yves Tartarin suivra Philippe de quelques mètres au volant d'une voiture d'assistance. Sa mission sera de le dépanner aussi vite que possible. Mais aujourd'hui, il endosse le rôle de copilote pour aider son poulain à contrôler la puissance de cette bête de course. Le prochain objectif sera de s'entraîner dans les dunes marocaines, un terrain difficile à appréhender.
Mais ces nouvelles contraintes sont loin d'effrayer Philippe car relever des défis, c'est le moteur de sa vie : "J'ai besoin de ces défis car j'ai envie de le faire. Ce n'est pas parce que je suis une personne handicapée que j'ai envie de faire le Dakar. Il m'a fallu quatorze ans pour accepter mon nouveau schéma corporel et accepter ma nouvelle vie, pour sortir de mon canapé. Et aujourd'hui je n'ai pas envie de retourner dans mon canapé. Je m'appelle d'abord Philippe et ensuite je suis une personne handicapée, mais pas l'inverse". Il lui reste dix mois pour se préparer et s'il réussit le Dakar, il a déjà en tête son prochain défi : la conquête de l'espace.