Homéopathie : l’avis de la HAS provoque la colère des homéopathes
L’avis de la HAS en faveur d’un déremboursement de l’homéopathie a été révélé par Libération deux jours avant la date officielle, provoquant l’indignation des homéopathes, qui restent mobilisés en attendant la décision de la ministre.
Bientôt la fin du remboursement de l’homéopathie ? Selon le journal Libération, qui révèle l’information deux jours avant l’avis officiel, la Commission de la transparence de la Haute Autorité de Santé (HAS) a voté le 26 juin 2019 à une écrasante majorité (une seule voix contre) le déremboursement des produits homéopathiques.
A lire aussi : Homéopathie : quand les médecins s'entredéchirent
Colère des homéopathes
"L’avis officiel de la HAS officiel, ce n’est pas avant demain (le vendredi 28 juin, ndlr)" rappelle le docteur Daniel Scimeca, président du Syndicat de la Médecine Homéopathique, signataire de la pétition Mon Homéo Mon Choix et membre du collectif Safe Med. "C’est la deuxième fois que des informations normalement confidentielles fuitent dans la presse" s’indigne-t-il, faisant référence au "projet d’avis" de déremboursement de la HAS dévoilé par France Info en mai dernier. "On est donc en droit de se poser des questions sur le sérieux de cette institution. Personnellement je m’en pose en tant qu’assuré à la sécurité sociale, que malade potentiel et que médecin" poursuit-il.
La docteure Florence Paturel, secrétaire générale du Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF), préfère même rester prudente : "Pour l’instant, la décision n’a pas été rendue publique, donc je ne me prononce pas." Elle déplore néanmoins que cet avis puisse "bafouer la pétition Mon Homeo Mon Choix qui a réuni en deux mois plus d’un million de signatures".
Même colère du côté de Boiron, qui déclare dans un communiqué que cet avis publié dans la presse, "avant même qu’il ne soit communiqué aux Laboratoires Boiron", traduit "une nouvelle violation des règles de cette procédure d’évaluation qui nuit gravement à l’entreprise, à ses salariés et à ses actionnaires".
"La HAS est globalement à charge"
Malgré l’indignation des défenseurs de l’homéopathie, la nouvelle tombe sans effet de surprise. Tout d’abord parce que le projet d’avis de la HAS adopté en mai allait déjà dans ce sens et qu’un mois plus tôt, en mars, les Académies de médecine et de pharmacie se prononçaient elles aussi en faveur d’un déremboursement. Mais aussi, selon le docteur Scimeca, parce que "la HAS est globalement à charge et que cette commission ne comporte pas d’homéopathes". Il poursuit : "Est-ce qu’on imaginerait débattre de cardiologie sans cardiologue ? La HAS débat d’homéopathie sans homéopathes, même si nous avons été auditionnés". Des auditions qui ne semblent donc pas avoir convaincu les experts de la Commission.
Attendre la décision de la ministre
Mais les homéopathes restent mobilisés puisque l’avis de la HAS ne constitue pas une mesure définitive : après la publication officielle de cette décision, ce sera à la ministre de la santé Agnès Buzyn qu’il reviendra de trancher sur la poursuite ou non du remboursement de l’homéopathie. Celle-ci a d’ores et déjà déclaré sur France 2 qu’elle ne se prononcerait pas avant "quelques jours ou quelques semaines après l’avis de la HAS".
Si la ministre a déjà déclaré à plusieurs reprises qu’elle "[se tiendrait] à l’avis de la Haute Autorité de Santé", le docteur Scimeca espère "une décision politique qui réponde aux trois quarts des Français qui se disent attachés à l’homéopathie et satisfaits de ces produits". Dans tous les cas, le médecin promet que les homéopathes continueront "de réfléchir et d’être force de proposition". Un rassemblement des pro-homéopathie est ainsi prévu le vendredi 28 juin à 11h à Lyon et à Paris.
En réaction à la publication de Libération et en attendant l’officialisation de l’avis de l’HAS, les laboratoires Boiron ont demandé à l’Autorité des marchés financiers (AMF) une suspension de leur cours de Bourse.