Le Collège des généralistes enseignants estime qu’il faut dérembourser l’homéopathie
"Il est nécessaire d'abandonner les méthodes ésotériques qui appartiennent à l'histoire", précise le CNGE, qui rappelle qu’aucune donnée scientifique ne prouve leur efficacité.
"Il n'y a aucun élément pour justifier encore aujourd'hui le remboursement de ces « médicaments » par la collectivité" affirme le Collège des généralistes enseignants (CNGE) à propos de l’homéopathie dans un communiqué publié le 10 janvier. Le CNGE se positionne ainsi contre le remboursement à hauteur de 30% par l’Assurance-maladie de certains traitements homéopathiques, qu’il qualifie de "méthodes ésotériques qui aujourd'hui trompent les patients comme encore certains professionnels".
"Une dérogation ministérielle arbitraire"
Le CNGE va même plus loin, en déclarant que l’enseignement de l’homéopathie n’est en aucun cas justifié. "Il n'y a de même aucune justification à l'enseignement de ce type de pratique mystérieuse à l'université ni au moindre label universitaire", indique le Collège.
Dans un avis publié le 7 janvier, le Conseil scientifique du CNGE précise que le remboursement de certains médicaments "repose sur une dérogation ministérielle arbitraire". En effet, aucun traitement homéopathique n’a pu prouver son efficacité après évaluation scientifique, condition pourtant nécessaire au remboursement.
L’homéopathie décriée par la communauté scientifique
Si l’homéopathie a toujours été décriée par une grande partie de la communauté scientifique, sa légitimité est particulièrement débattue depuis quelques mois. Le 19 mars 2018 en effet, un collectif de 124 médecins a signé une tribune dans Le Figaro mettant en garde contre les "médecines alternatives" – dont l'homéopathie – fonds de commerce des "charlatans en tout genre qui recherchent la caution morale du titre de médecin pour faire la promotion de fausses thérapies à l'efficacité illusoire". Le Syndicat national des médecins homéopathes français a depuis déposé une soixantaine de plaintes disciplinaires devant l'Ordre des médecins contre les signataires de ce texte. Ils dénoncent notamment un "non-confraternité".
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En juin dernier, la Commission de transparence de la HAS s’est exprimée sur l’absence d’efficacité de trois produits des laboratoires Boiron, leaders mondiaux de l’homéopathie. "La Commission s'étonne du maintien du taux de remboursement à 30% des médicaments homéopathiques à nom commun compte tenu du taux de remboursement à 30% voire 15% de médicaments ayant fait la preuve de leur efficacité", déclarait-elle. En substance, elle affirmait ne pas pouvoir se prononcer" sur le service médical rendu par cette spécialité", celui-ci n’étant pas précisé par le fabricant.
A la suite de cet avis, en août dernier, le ministère de la Santé a saisi la HAS pour qu’elle évalue l'efficacité de l'homéopathie et le bien-fondé de son remboursement. Initialement prévu pour février, l'avis de la HAS devrait finalement être rendu au printemps.
Un effet placebo
Le 18 mai dernier, l'Académie de médecine a rappelé sa position vis-à-vis de l'aspect scientifique de l'homéopathie : il s'agit "d'une méthode imaginée il y a deux siècles à partir d'a priori conceptuels dénués de fondements scientifiques". En 2017, le Conseil scientifique des académies des sciences européennes (Easac) a pour sa part rendu un rapport accablant sur le même sujet. Selon cet organisme, il n'y a "aucune preuve solide de l'efficacité des produits pour traiter les maladies, ou même les prévenir [...], même s'il y a parfois un effet placebo".