Pénurie d'internes en pédiatrie : la procédure de choix des étudiants relancée
Suite à une erreur administrative, l'ARS indique que la procédure de choix des internes en médecine générale va être renouvelée en Ile-de-France. Récemment, des chefs de service en pédiatrie alertaient sur une mauvaise répartition des internes de nature à menacer la qualité de la prise en charge des enfants.
On prend les mêmes et on recommence. La procédure de choix pour les internes de médecine générale va être relancée afin d'éviter une pénurie de ces personnels dans les services de pédiatrie d'Ile-de-France cet hiver, a annoncé l'Agence régionale de santé (ARS) lundi 21 octobre. La semaine dernière, des chefs de services de pédiatrie d’Ile-de-France s’inquiétaient d’un manque d’internes dans les hôpitaux les plus éloignés de la capitale. En cause selon eux: une répartition des internes de médecine générale faite "sans tenir compte des besoins des hôpitaux, notamment ceux les plus éloignés du centre de Paris". Ils avaient même déclaré craindre une "crise sanitaire".
168 postes non pourvus
La situation laissait "168 postes d'interne de médecine générale non pourvus dans des services de pédiatrie alors que le semestre d'hiver est le plus chargé en raison des épidémies hivernales (bronchiolites, grippes, gastro-entérites)", estimaient ces médecins.
Les résultats de la procédure de choix des internes, finalisés le 9 octobre, "laissaient craindre des tensions fortes dans certains services de pédiatrie", notamment "en petite et grande couronne", a reconnu l'ARS Ile-de-France dans un communiqué.
Un nombre de postes à ouvrir qui repose sur une estimation
Anna Di Giuseppe est vice-présidente en charge des stages pour le SRP-IMG, le Syndicat Représentatif Parisien des Internes de Médecine Générale. Elle participe à la commission de répartition qui décide du nombre de postes à ouvrir aux internes en médecine générale. "Le travail de la commission de répartition repose sur des estimations, explique-t-elle. Ce semestre, il y a eu quelques aléas. Il a fallu garantir un minimum de postes aux internes promotion 2016, pour qu’ils puissent valider leur internat. Cela a, entre autres, contribué à ce que des postes ouverts ne soient pas pourvus. Et puis le suivi des internes n'est pas complètement informatisé, car il dépend de plusieurs facultés qui sont centralisés par la coordination de médecine générale, mais qui n’a actuellement pas assez de moyens."
Beaucoup d’internes ont aussi choisi de se regrouper dans les mêmes services. "lls ont préféré cette option plutôt que s’éparpiller un peu partout. C’est leur droit. De ce fait, certains services ont été remplis et d’autres sont restés complètement vides", admet Anna Di Giuseppe.
"Les services sont censés pouvoir tourner sans nous"
La jeune femme comprend la position des chefs de service inquiets mais rappelle que les internes sont, malgré leur expérience, encore des étudiants. "Ils sont en formation et ne sont pas censés être indispensables au service qui les accueille." Le premier problème est, selon, elle, un problème de démographie médicale vis à vis des pédiatres et pas des internes de médecine générale. "Il y a, selon les chiffres de l’ARS, une centaine de postes de praticiens hospitaliers en pédiatrie qui ne sont pas pourvus pour l’instant. Ce qui amplifie la crise des choix de stage."
Lorsqu'ils doivent, malgré tout, palier un manque de médecins, les internes risquent d'en subir les conséquences. "La contrainte et les risques pour leur formation et pour leur sécurité est au rendez-vous s'ils se retrouvent à gérer une prise en charge sans pourvoir compter sur la seniorisation de leur travail", note Anna Di Giuseppe.
Une erreur d’une étudiante lors de choix de stages
L‘ ARS a découvert lundi "qu'un interne avait pu choisir un poste alors qu'il avait d'ores et déjà validé ses six semestres d'internat de médecine générale", privant ainsi "mécaniquement" une autre personne de cette place.
L'ARS y a vu un incident "constitutif d'une atteinte au principe d'égalité" qui justifie "la relance de la procédure de choix" de ces internes.
Le directeur général de l'ARS, Aurélien Rousseau, a donc convoqué pour mardi une commission qui devra "proposer une nouvelle répartition des postes permettant que les hôpitaux de petite et grande couronne disposent d'un plus grand nombre d'internes de médecine générale en pédiatrie".
Le temps presse : le semestre d'hiver commence début novembre. "Consciente de la difficulté potentielle pour certaines internes de se rendre disponibles" dans "des délais extrêmement serrés", l'ARS "va faciliter la procédure de choix par procuration", indique-t-elle dans son communiqué.
"On espère négocier des conditions de choix avec l’ARS qui ne fasse pas passer les internes pour des pions. Par exemple avec des mesures incitatives sans que cela nuise à leur formation", note Anna Di Giuseppe.