Injections dans les lèvres : ne faites pas ça chez vous !
Le gouvernement britannique s'apprête à lancer une campagne de sensibilisation pour mettre en garde contre les injections d’acide hyaluronique que l'on peut faire soi-même.
"On oublie à quoi ressemble son visage" affirme Greg à la BBC. Le jeune homme, devenu accro aux injections dans les lèvres et sous la peau, raconte s’être administré de l’acide hyaluronique lui-même pendant trois ans. "Un jour, quand je me suis réveillé, mes lèvres n’étaient plus de la même taille. L’une était bien plus grosse que l’autre. J’avais des cloques. Cela faisait atrocement mal. J’avais honte de demander de l’aide" se souvient-il.
Gonflements, infections et kystes
Son cas est loin d’être isolé. Devant la recrudescence de ce type de cas en Grande-Bretagne, les autorités sanitaires ont décidé de lancer une campagne de sensibilisation. Celle-ci doit débuter dans les jours à venir. Le but : informer le public des risques liés à ce type d’injections quand elles sont faites à la va-vite.
En Grande-Bretagne, ces traitements ne sont pas régulés comme des médicaments [1]. En auto-administration, ils peuvent pourtant entraîner des gonflements et des infections, et, dans de rares cas, des kystes se forment sous la peau et une intervention chirurgicale est nécessaire. Ces injections, utilisées pour combler les rides et bomber les pommettes, ne cessent pourtant de gagner en popularité.
D’après Nora Nugent, membre du bureau de l’Association des chirurgiens esthétiques britanniques, de plus en plus de gens ont recours à la médecine esthétique, mais les patients ne sont pas mieux informés pour autant. En cause, notamment, le nombre croissant de célébrités partageant leurs expériences sur les réseaux sociaux, et le fait que ces procédures soient désormais "plus accessibles, plus connues et plus abordables".
83% des Britanniques âgées de 18 à 30 ans voudraient changer une partie de leur corps
Selon un récent sondage commandé par la BBC et réalisé par l’institut Deltapoll, 83% des femmes britanniques âgées de 18 à 30 ans changeraient une partie de leur corps si elles en avaient les moyens et si cela ne présentait pas de risques pour leur santé. 63% d’entre elles voudraient intervenir sur leur ventre, et 53% sur leurs seins. Parmi les 7% ayant déjà eu recours à une opération au niveau du visage par ailleurs, 69% affirment se sentir plus sûres d’elles, mais 24% disent se sentir moins attirantes.
Parallèlement, en 2017-2018, Save Face, un registre national de praticiens conventionnés, affirme avoir reçu 934 plaintes de patients concernant des praticiens non agréés. Parmi ces plaintes, 616 concernaient des injections au niveau du visage. Aussi les autorités de santé britanniques alertent-elles : "Quiconque envisage d’avoir recours à une opération de chirurgie esthétique doit prendre le temps de trouver un praticien réputé, sûr et qualifié. Il faut également être certain de bien comprendre les impacts d'un tel traitement sur la santé physique et mentale."
Autre source d’inquiétude pour le gouvernement, le nombre croissant de personnes se rendant à l’étranger pour des opérations de chirurgie esthétique, comme le désormais célèbre "lifting des fesses brésilien". Certaines d’entre elles ne voient en effet leur chirurgien que pendant l’opération. Pour ces patients, il est donc très difficile d’avoir un suivi, pourtant indispensable en cas de complications. En 2018, deux Britanniques sont décédées après un lifting brésilien.
[1] En France, se procurer de l'acide hyaluronique n’est pas illégal. Toutefois, l'injection clandestine est interdite.