Injections clandestines : quelles sont les complications possibles ?
Les injections de Botox et d'acide hyaluronique ont le vent en poupe. Mais quand elles sont réalisées par des personnes qui ne sont pas médecins, le risque de complications graves et irréversibles est élevé.
On les appelle la génération Bistouri. Depuis 2019, les 18-34 ans consomment plus d’actes esthétiques que les 50-60 ans. Problème : par souci d'économie, ces jeunes patients ont souvent recours non pas à des spécialistes médicaux formés et reconnus par l’Etat, mais à des personnes qui injectent de façon illégale.
Il existe deux types d’intervention :
· Les chirurgies "classiques", réalisées sous anesthésie générale. Les plus pratiquées en France sont l’augmentation mammaire, la blépharoplastie (chirurgie des paupières), la rhinoplastie (chirurgie du nez) et l'abdominoplastie.
· Les interventions de médecine esthétique avec des injections au niveau du visage, pour rendre les lèvres pulpeuses ou effacer les rides. Elles se font en cabinet et utilisent du Botox ou de l'acide hyaluronique.
Réanimation, nécroses, brûlures...
Mais dans les faits, les interventions de médecine esthétique ne sont pas toujours pratiquées dans des cabinets médicaux. Et "il existe des risques graves si une injection d'acide hyaluronique est faite par quelqu'un qui n'est pas spécialiste", alerte le Dr Adel Louafi, chirurgien esthétique et Président du syndicat national de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique (SNCPRE).
"On a ainsi vu des dizaines de cas graves en 2022 qui ont été rapportés à l'agence du médicament, avec des hospitalisations parfois même en réanimation, avec des cas de nécrose, de brûlure de la face et avec des chocs septiques" détaille le spécialiste.
Des chocs septiques après une injection dans les fesses
Des injections dans les lèvres peuvent ainsi conduire à des nécroses des lèvres, nécessitant une amputation d'une partie de la lèvre, par exemple si une artère est touchée lors de l'injection. Les rhinoplasties médicales, des techniques qui consistent à modeler le nez sans passer par une chirurgie, présentent aussi des risques de brûlures et de traces irréversibles. Ce risque augmente lorsqu'elles sont pratiquées par des personnes qui ne sont pas des médecins et qu'une artère est obstruée lors de l'injection.
Le risque de complications existe aussi pour les injections réalisées dans les fesses. "Les complications peuvent ici être très graves car de grosses quantités sont injectées" explique le Dr Louafi, qui rapporte des cas d'infection, avec des abcès multi-récidivants voire des fasciites nécrosantes avec des chocs septiques. "On a souvent des jeunes patientes hospitalisées en réanimation" suite à ce type d'injection, précise-t-il.
Que faire en cas de complication ?
Mais en cas de complications, quels sont les recours ? Les patients et patientes n'osent pas toujours porter plainte. "Il y a beaucoup de honte et beaucoup de craintes, car il y a des menaces, donc les victimes ont peur de porter plainte", témoigne le Dr Louafi. Malgré ces freins, "il faut porter plainte auprès du Procureur de la République", insiste le chirurgien.
"Et si vous ne souhaitez pas porter plainte, vous pouvez contacter le Conseil de l'Ordre national, section santé publique, et donner toutes les informations que vous avez sur l'injecteur ou l'injectrice illégale. Et le Conseil de l'Ordre se chargera de les transmettre au Procureur de la République", explique-t-il enfin.