Acide hyaluronique: 6 mois de prison requis pour des injections clandestines
Deux sœurs sont poursuivies à Metz pour avoir réalisé clandestinement des injections d’acide hyaluronique à plusieurs centaines de clientes. Le tribunal les a finalement condamné à 10 mois de prison et 500 euros d'amende.
“Arrêtons la vente libre d’acide hyaluronique.” Ce jeudi 30 mars, au lendemain d’une tribune publiée dans Le Parisien, où 200 chirurgiens esthétiques demandent au gouvernement d’interdire la délivrance de ce produit utilisé pour gonfler les lèvres, s’est ouvert à Metz (Moselle), l’un des premiers procès contre la pratique d'injections clandestines.
Le parquet a requis six mois de prison avec sursis et 10.000 euros d'amende à l'encontre de deux sœurs poursuivies pour des centaines d'injections d'acide hyaluronique, un gel notamment utilisé par les médecins esthétiques pour diminuer les rides. Mais ces injections sont également pratiquées illégalement par des personnes non habilitées, un phénomène qui a récemment pris de l'ampleur.
Le 26 avril, le tribunal de Metz les a finalement condamné à 10 mois de prison avec sursis et 500 euros d'amende. La peine de prison marque "sans doute" la volonté du tribunal de "protéger le public", a réagi Xavier Iochum, avocat d'une des deux soeurs. "Je vais m'entretenir avec mes clientes mais on ne fera certainement pas appel", a-t-il ajouté, estimant pour l'amende, que les détenues s'en sortaient bien.
Le pack "Kylie" à 900 euros
Les deux mères de famille proposaient des prestations allant de 180 euros la piqûre d’acide hyaluronique, à 900 euros pour le pack “Kylie”, avec la promesse pour la cliente de ressembler à la benjamine de la famille Kardashian, Kylie Jenner, relate France Inter. Les deux femmes sont poursuivies pour travail dissimulé et exercice illégal de la médecine.
Il leur est reproché d'avoir procédé à des injections d'acide hyaluronique sur plusieurs centaines de clientes, de janvier 2020 à novembre 2022, dans les villes de Woippy (Moselle), Paris et Marseille.
L'affaire a éclaté après qu'une cliente a déposé plainte en janvier 2022 en faisant état d'hématomes au niveau de la zone injectée. Des "effets secondaires classiques", a soutenu Olivier Hurault, avocat d'une des soeurs. L'affaire a été mise en délibéré au 26 avril.
Mode d'emploi de l'injection en ligne
Dans leur tribune publiée mercredi 29 mars, les chirurgiens esthétiques affirment que "des centaines d'injecteurs non-médecins pratiquent des actes illégaux sur la population, en particulier la plus jeune et la plus vulnérable, à grand renfort de publicité sur les réseaux sociaux".
Certaines personnes, "y compris des mineures", (...) "s'injectent elles-mêmes ces produits, par exemple pour augmenter le volume des lèvres, en suivant des pseudo-modes d'emploi disponibles sur des vidéos en ligne", dénoncent-ils.
Des victimes "parfois défigurées à vie"
Dans les cas les plus graves, "elles ont pu conduire à des septicémies, des gangrènes et des hospitalisations en réanimation, engageant le pronostic vital de jeunes patients". "Les victimes sont parfois défigurées à vie et brisées psychologiquement" et "elles n'osent porter plainte, car souvent victimes de menaces physiques", poursuivent-ils.
"Devant la gravité de cette pratique illégale, nous, chirurgiens plasticiens, demandons que la vente d'acide hyaluronique et des autres produits de comblement injectables soit contrôlée, et que leur délivrance ne soit faite qu’aux médecins habilités à la pratique de ces actes", conclue la tribune.
En juillet dernier, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) mettait déjà en garde contre les pratiques de médecine esthétique réalisées par des non-professionnels. Plusieurs cas de nécrose et d'infections graves avaient alors été signalés après une mauvaise utilisation d'acide hyaluronique.