Paracétamol : sans effet sur certaines douleurs lombaires, faiblement efficace pour l'arthrose
Les propriétés antalgiques du paracétamol, démontrées pour le traitement de nombreuses douleurs, sont inexistantes concernant les lombalgies non chroniques, et médiocres concernant l’arthrose. Ce constat, déjà posé par plusieurs équipes de chercheurs, a été validé par un groupe d’experts qui publie ses conclusions ce 31 mars dans le British Medical Journal.
En France comme dans la plupart des pays du monde, le traitement de première intention des lombalgies est le paracétamol. L’efficacité de cet antalgique pour traiter cette pathologie n’a, pourtant, jamais été formellement démontrée.
Mi-juillet 2014, nous rendions compte sur notre site d’une étude australienne qui concluait à l’inefficacité du paracétamol contre la douleur du lumbago. Une synthèse d’essais cliniques, réalisée par une nouvelle équipe australienne, aboutit aux mêmes conclusions – tout au moins pour les traitements de le court terme.
L’analyse des comptes rendus de 13 essais cliniques de haute qualité ne permet pas d’identifier d’effet net de ce médicament pour "la réduction de l’intensité de la douleur", "le handicap" ou "l'amélioration de la qualité de vie" à court terme chez les personnes souffrant de douleurs lombaires non chroniques. Les données analysées ne permettent pas de conclure à l'efficacité ou à l'inefficacité du paracétamol pour d'autres formes de maux de dos (notamment les lombalgies persistant plus de six semaines).
Concernant l’arthrose de la hanche ou du genou, le paracétamol apparaît avoir une réelle efficacité, tant en terme de douleur que de réduction du handicap. Mais l’effet est faible, et l’intérêt clinique de ce traitement apparaît donc très relatif.
Or, rappellent les auteurs, le paracétamol n’est pas un médicament anodin. Au-delà de 4 grammes par jour, le paracétamol peut être toxique pour le foie. De récents rapports soulignent qu’en-deçà de ces doses, cet antalgique peuvent provoquer d'autres effets secondaires préoccupants aux consommateurs réguliers.
Les auteurs notent que l'analyse ne permet pas de conclure sur l'existence ou l'absence d'effets à long terme du paracétamol dans le traitement des pathologies étudiées. Ils soulignent en fin que les effets du paracétamol pour la cervicalgie "sont inconnus", aucun essai clinique rigoureux n'ayant été mené sur cette question.
Pour soulager les maux de dos, de nombreuses solutions existent. Concernant les traitements médicamenteux, les anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) ont une efficacité nettement supérieure au placebo. Certaines thérapies manuelles (osthéopathie et kinésithéapie) semblent également efficaces. L'insertion d'aiguilles d'acupuncture semble avoir un effet modéré sur la lombalgie (en lien avec la sécretion de substance anti-inflammatoires en présence du corps étranger).
Source : Efficacy and safety of paracetamol for spinal pain and osteoarthritis: systematic review and meta-analysis of randomised placebo controlled trials. M.L Ferreira et coll. BMJ 31 mars 2015; doi: http://dx.doi.org/10.1136/bmj.h1225
Le paracétamol (ou acétaminophène) est le médicament le plus prescrit en France. Antalgique (anti-douleur) et antipyrétique (fait baisser la fièvre), il n'a toutefois pas de propriété anti-inflammatoire.