Pharmacie : l'Ordre dénonce une recrudescence des agressions violentes
L'Ordre des pharmaciens note une hausse des agressions violentes dirigées contre les officinaux. Les agressions sont autant verbales que physiques et ont des motifs divers.
Pharmacien d'officine, un métier à risque ? L'Ordre national des pharmaciens a dénoncé jeudi 26 mai les agressions de plus en plus violentes dont sont victimes les officinaux, confrontés notamment "à la souffrance" de la population dans un contexte économique difficile.
En 2015, l'Ordre a reçu 131 déclarations d'agressions. C'est moins qu'en 2014 (152, -13,8%) mais de nouveau 14% d'entre elles étaient des agressions par arme à feu (15% en 2014), "ce qui témoigne de l'extrême violence subie parfois par les pharmaciens d'officine", souligne-t-il. Ces chiffres sont à relativiser, au regard du nombre total de pharmacies d’officine en France : on en dénombre 22.152 en France métropolitaine et dans les DOM (chiffre Ordre des pharmaciens, mai 2016)
Différents motifs d'agression
Les problèmes rencontrés par les officinaux sont de diverse nature. Près de la moitié des agressions (48%) sont des agressions verbales. Il y a par ailleurs une forte reprise du nombre d'agressions avec menace (+9% par rapport à 2014). Après une stabilisation ces trois dernières années, la part des violences à main armée repart par ailleurs à la hausse (+3%).
Les agresseurs cherchent souvent à s’emparer d’argent. "Dans un contexte où la recherche d'argent liquide est souvent la motivation première des agressions de pharmaciens, on constate que celles liées au vol de caisse constituent le tiers des motifs déclarés", a précisé l'Ordre dans un communiqué. Mais "braquer" une pharmacie, n’est souvent pas très efficace... Les pharmacies ont essentiellement un fonctionnement financier dématérialisé, avec de faibles sommes d'argent en caisse. Pourtant, cette réalité est souvent méconnue par les agresseurs, a expliqué à l'AFP Alain Marcillac, référent sécurité de l'Ordre.
De plus en plus de ces agressions sont liées aux difficultés de la prise en charge du patient (+6% par rapport à 2014). Des crispations au comptoir peuvent dégénérer, par exemple, lorsque un patient exige de bénéficier le tiers-payant alors qu’il ne présente pas de carte Vitale ou de documents recevables par le pharmacien. Ou bien, lorsqu’il se voit refuser la délivrance de médicaments faute d'ordonnance conforme.
Le pharmacien est souvent le premier interlocuteur de santé, ce qui l’expose aux difficultés, tant économiques que de santé, des patients. "Le pharmacien doit gérer de plus en plus la souffrance de la population", poursuit M. Marcillac. "Cette souffrance se reporte sur le pharmacien souvent avec agressivité. Les patients ne sont pas des gens ordinaires", a-t-il ajouté, faisant, par exemple référence à des pathologies psychiatriques.
Des chiffres sous-estimés ?
"Ces chiffres sont largement sous-estimés car les pharmaciens n'ont pas toujours le temps ou l'envie de déclarer leur agression", a ajouté Alain Marcillac. "Nous souhaitions sensibiliser nos confrères et les inciter à faire des déclarations pour que nous puissions trouver des solutions", a-t-il poursuivi.
L’Ordre des pharmaciens constate que "les officines de villes de moins de 50.000 habitants concentrent 80% des agressions déclarées", sans doute en raison d'une moindre présence des forces de l'ordre.
Les pharmacies des petits centres commerciaux deviennent aussi "une cible prisée par les agresseurs (+11% par rapport à 2014) malgré une fréquentation importante et des systèmes de sécurité développés".
Plus de 78% des pharmacies visées par une agression étaient ainsi équipées de systèmes de télésurveillance.