Remdésivir : Un traitement efficace contre le coronavirus ?
Le remdésivir, un antiviral du laboratoire américain Gilead, est actuellement testé contre le coronavirus. Mais son efficacité fait débat. Alors que le laboratoire annonce des résultats positifs dans un essai clinique, une étude chinoise, elle, ne montre pas d’effet.
Le remdésivir est un antiviral développé initialement pour traiter la maladie à virus Ebola. Il est aujourd’hui utilisé dans plusieurs études pour lutter contre le coronavirus. "Il agit sur le Covid en interférant avec des étapes clé dans le cycle de la réplication du virus”, explique le Pr Karine Lacombe, infectiologue à l’Hôpital Saint-Antoine à Paris.
Une durée d'hospitalisation réduite, mais pas de différence sur la mortalité
Aux Etats-Unis, les résultats préliminaires d’un essai clinique contre placebo incluant un millier de patients -mené par le laboratoire Gilead et les Instituts de santé américains (NIH)- ont montré que le remdesivir avait aidé des malades hospitalisés à se rétablir 31% plus vite.
"Dans cette étude, on voit qu’il y a une différence en termes de durée d’hospitalisation chez les personnes qui reçoivent le Remdesivir. En revanche, il n’y a pas de différence en termes de mortalité", précise le Pr Karine Lacombe. La mortalité du groupe du patients traités par remdesivir était de 8% contre 11,6% dans le groupe témoin. Une différence trop faible pour exclure que ce résultat soit lié au hasard.
"Ce que cette étude montre bien c’est que le Covid-19 n’est pas qu’une maladie virale, c’est aussi une maladie inflammatoire. Et les antiviraux n’agissent pas sur cette phase inflammatoire", ajoute le Pr Lacombe.
Une étude chinoise moins concluante
La Chine mène aussi une étude sur le remdésivir, dans dix hôpitaux de Wuhan. Les résultats sont loin d’être aussi encourageants. Le médicament n’aurait pas eu d’effets significatifs sur les malades.
“Je pense que cette étude, menée sur un petit effectif, a donné une tendance. L’étude américaine, sur un effectif plus important, confirme une petite partie des résultats mais elle montre aussi qu’il n’y a pas assez de personnes incluses dans les études”, explique le Pr Karine Lacombe.
Une nouvelle étude à venir, appelée Simple, devrait permettre d’apporter une réponse définitive sur l’efficacité de ce traitement. Sur la réduction de la durée des symptômes mais également sur la mortalité. Ces résultats à plus grande échelle devraient être connus dans les prochaines semaines.