Grand froid : les gestes d'urgence
Que faire en cas d'engelures ? Comment réagir en cas d'hypothermie ? Quelles précautions prendre ? Les explications du Dr Gérald Kierzek, urgentiste.
Le froid entraîne plusieurs mécanismes physiopathologiques. Il y a tout d'abord les maladies liées directement au froid telles que les gelures ou l'hypothermie, responsables de lésions graves voire mortelles. C'est le cas dans des situations extrêmes rencontrées en montagne, ou dans les villes par des patients SDF accueillis aux Urgences chaque hiver en état d'hypothermie.
Ensuite, il y a l'aggravation de maladies préexistantes (notamment cardiaques et respiratoires) qu'il ne faut pas négliger. Le froid modifie les échanges vasculaires (vasoconstricte les vaisseaux notamment) et donc les échanges gazeux d'oxygénation.
Enfin, il y a des effets indirects comme le risque accru d'intoxication au monoxyde de carbone due au dysfonctionnement d'appareils de chauffage (au gaz, au fioul ou au charbon), à une utilisation inappropriée d'un moyen de chauffage (chauffage d'appoint utilisé en continu) ou encore lorsque les aérations du logement ont été obstruées.
Que faire en cas d'engelures et de gelures ?
Les basses températures, en particulier avec du vent, peuvent provoquer des engelures superficielles, des gelures. Les engelures superficielles sont des réactions assez légères au froid, peu douloureuses et marquées par une zone de peau blanche ou jaune-gris qui paraît anormalement ferme ou malléable (comme de la cire avec un engourdissement des parties exposées au froid). Elles peuvent apparaître rapidement, surtout si la partie exposée est mouillée ou si le vent est fort. En cas d'apparition d'engelure superficielle, il est nécessaire de consulter son médecin. En attendant, il faut :
- immerger la zone affectée dans de l'eau tiède : la température doit être douce pour les zones non touchées par le froid.
- amener le patient aussi vite que possible dans un lieu chauffé ou le couvrir avec une couverture en laine ou une couverture de survie.
- donner des boissons chaudes et sucrées.
- ne pas activer les parties gelées ; le secouriste essaiera de réchauffer le patient avec sa chaleur. Attention : ne pas frotter, ne pas utiliser de bouillotte, ne pas frictionner avec de la neige ; risque de dommages irréparables ! Surtout ne pas frictionner la zone atteinte, ni la masser. Cela peut aggraver la lésion.
- ne pas utiliser de source de forte chaleur (lampe chauffante, feu, radiateur) pour réchauffer.
Les gelures graves surviennent lors du gel complet des tissus. En cas de survenue de gelure grave, il faut appeler les secours médicaux rapidement (15 ou 112). La peau est insensible, peut devenir bleu-noirâtre et cloquée. Ces lésions nécessitent un traitement hospitalier en soins intensifs et conduisent parfois à des amputations.
Que faire en cas d'hypothermie ?
Voir notre dossier : Grand froid – attention à l'hypothermie
Si la température corporelle s'abaisse en dessous de 35°C, on parle d'hypothermie avec plusieurs degrés. Les signes d'une hypothermie sont : prononciation ralentie des phrases, perte de jugement puis confusion mentale, perte de coordination des membres, sentiment de fatigue et d'intense frilosité, sensation d'engourdissement progressif et de tension musculaire et éventuellement, perte de conscience puis coma et trouble cardiaque (fibrillation).
Face à un cas d'hypothermie, appelez les secours médicaux (15 ou 112). Installez la personne à l'abri du froid et du vent. Remplacez les vêtements s'ils sont mouillés et couvrez la personne avec des couvertures. Si elle est consciente, donnez-lui des boissons sucrées, chaudes et non alcoolisées. Ne pas utiliser de chaleur directe, de couvertures électriques ou de bouillottes. Ne massez pas la peau. Si vous voyez une personne en difficulté, appelez le 115 (SAMU social).
Les précautions à prendre en cas de grand froid
Pour les personnes cardiaques et insuffisantes respiratoires, le froid augmenterait le risque d'infarctus. Des études ont révélé qu'une diminution de la température d'un seul degré pourrait provoquer une hausse de 2% du risque d'infarctus. Il faut donc adapter son activité et notamment éviter les efforts importants en cas de grand froid.
- Evitez de sortir en période de très grand froid et adaptez votre activité progressivement (respecter un temps d'adaptation nécessaire à un "échauffement" de l'organisme).
- Limitez les efforts importants (ne pas courir, pelleter, déneiger, changer une roue…). N'hésitez pas à demander de l'aide.
- Couvrez-vous chaudement, particulièrement les extrémités (tête, mains, pieds).
- Utilisez des vêtements imperméables et portez plusieurs couches de vêtements.
Si vous vous déplacez en voiture, prévoyez toujours le risque de rester coincé : prévoyez une couverture, de survie de préférence, des médicaments et de la nourriture…. Si vous envisagez un séjour en montagne, demandez à votre médecin traitant ou à votre cardiologue : quelle est l'altitude maximale à laquelle vous pouvez séjourner ?
Si vous êtes insuffisant respiratoire ou porteur d'une bronchite chronique, évitez de sortir et limitez les efforts. En cas d'exacerbation (aggravation de l'effort respiratoire habituel, majoration et/ou aspect purulent des crachats, fièvre), consultez immédiatement votre médecin traitant et ne vous déplacez jamais sans votre traitement habituel (et d'eau pour pouvoir le prendre), et notamment de votre bronchodilatateur s'il vous en a été prescrit. Demandez à votre médecin s'il convient de vous vacciner contre les infections pneumococciques. Enfin, il faut veiller sur les personnes fragiles (personnes âgées, enfants, personnes précaires ou sans domicile).
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- Ministère de la Santé
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