Voitures autonomes : peut-on leur faire confiance ?
Plus de neuf accidents de la circulation sur dix sont dus à des erreurs humaines : vitesse trop élevée, mauvaise appréciation des distances ou encore assoupissement au volant. Face à ce constat, durant l'été 2016, le Conseil des ministres a autorisé, sous certaines conditions, les véhicules sans chauffeur à circuler sur la voie publique. Mais peut-on leur faire confiance ?
En France, les véhicules totalement autonomes sont pour le moment interdits sur route ouverte. Le conducteur doit donc pouvoir à tout moment reprendre le volant. Le reste du temps, la voiture autonome s'adapte aux conditions de circulation.
Un meilleur temps de réaction
Au volant, il faut une à deux secondes à un conducteur en bonne forme pour réagir à un événement inattendu. Un temps de réaction qui reste important surtout à grande vitesse : "Il y a un temps incompressible de transmission de l'influx nerveux. Il faut déjà capter l'information visuelle, tourner les yeux et la tête pour percevoir l'obstacle. Et après avoir perçu l'information visuelle, il faut donner un ordre moteur qui sera destiné à vous faire soit changer de route, soit appuyer sur le frein… Pour tout ce circuit et toute la transmission de l'influx nerveux depuis la perception jusqu'à l'action, on considère que cela prend environ une seconde", explique Sylvie Chokron, neuropsychologue.
Avec la technologie actuelle, le temps de réaction d'une voiture sans conducteur est au moins cent fois moins important que celui d'un individu. De plus, une machine n'est jamais fatiguée par sa journée et elle ne boit pas d'alcool. Enfin, si la voiture n'a pas d'yeux, elle est bardée de capteurs qui lui permettent de se repérer dans l'espace. Tout autour de la voiture, des caméras et des capteurs à ultrasons permettent à chaque instant de savoir ce qu'il se passe à 360 degrés. La voiture peut aussi reconnaître un piéton pour adapter la conduite et l'éviter.
Une fausse bonne idée ?
Aux Etats-Unis, plusieurs prototypes de voitures autonomes circulent déjà dans les espaces urbanisés. Ces véhicules peuvent croiser sur leur route des cyclistes, des motards ou des piétons. Et si ces robots roulants arriveront peut-être un jour dans nos villes, ce sont toujours avec des humains qu'ils vont devoir interagir. Un aspect souvent oublié des discussions sur les véhicules autonomes selon l'association Prévention routière : "On considère les véhicules autonomes du point de vue de l'intérieur du véhicule mais l'avenir, c'est de considérer ces véhicules automatiques dans une rue où il y a beaucoup d'humains, où il y a beaucoup d'interactions et donc on va avoir des comportements qui vont changer. Par exemple, un piéton devant un véhicule automatique va se comporter différemment parce qu'il aura une autre appréhension du comportement de la voiture. S'il sait que le véhicule va s'arrêter, il aura peut-être tendance à traverser systématiquement. Il y aura donc de nouveaux risques sur la route et certainement des nouvelles actions de prévention à mener", souligne Christophe Ramond, directeur des études et recherches de l'association.
Nouveaux comportements des piétons face aux robots, mauvais fonctionnement des algorithmes… Si les voitures autonomes visent à réduire le nombre d'accidents de la route, elles vont aussi profondément changer notre rapport à la conduite et à la circulation en ville.