Hommes-femmes : des différences négligées par la médecine
Les différences biologiques entre les hommes et les femmes ne sont pas suffisamment prises en compte par la médecine et la recherche. C'est la position de l'Académie de médecine qui appelle à mieux adapter les traitements en fonction du sexe.
La différenciation hommes-femmes se produit dès la conception : les chromosomes XX déterminent le sexe féminin et les chromosomes XY le sexe masculin. Une différence génétique qui aboutit à des différences anatomiques au niveau des organes et des vaisseaux. "Par exemple, un cœur de femme est plus petit qu'un cœur d'homme, les vaisseaux ne sont pas tout à fait les mêmes. Il y a une fragilité de certains vaisseaux mais pas de tous, et ces différences se retrouvent au niveau de toutes les cellules", explique le Pr Claudine Junien, généticienne et membre de l'Académie de médecine.
Ces différences, parfois minimes, peuvent être mises en évidence sous l'effet d'une pathologie ou de facteurs environnementaux. Résultat : les hommes et les femmes ne sont pas égaux devant la maladie. Certaines pathologies, comme la maladie d'Alzheimer, la dépression ou l'ostéoporose, touchent majoritairement les femmes. D'autres au contraire surviennent davantage chez les hommes notamment l'autisme, les tumeurs du cerveau ou du pancréas.
Mais pour mieux adapter les traitements, le diagnostic et la prévention, encore faut-il étudier et comprendre les mécanismes de ces maladies selon le sexe. Or, la recherche ne prend pas suffisamment en compte ces différences. Pire, les femmes sont souvent sous-représentées dans les essais cliniques ce qui aboutit à mettre sur le marché des médicaments qui ne sont pas toujours adaptés à leur métabolisme. "Du coup, on détecte moins les accidents secondaires chez les femmes que chez les hommes et ces accidents secondaires apparaissent quand les produits sont déjà sur le marché. On s'aperçoit qu'il y a à peu près 1,5 à 2 fois plus d'accidents secondaires chez les femmes que chez hommes", affirme le Pr Claudine Junien.
Pour l'Académie de médecine, la recherche scientifique et la médecine ne peuvent plus ignorer ces différences biologiques. La France aurait dix ans de retard par rapport à ses voisins européens.