Immunothérapie, Crispr/Cas9... retour sur quelques grandes avancées médicales de la décennie

Les années 2010 touchent à leur fin. Voici un bilan de certaines avancées scientifiques qui ont commencé à révolutionner la vie des malades.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Immunothérapie, Crispr/Cas9... retour sur quelques grandes avancées médicales de la décennie

Qu'elles concernent le traitement du cancer ou la modification génétique, les avancées médicales et scientifiques qui ont eu lieu dans les années 2010 représentent de grands espoirs pour les patients.

Des scientifiques interrogés par l'AFP se risquent aussi ici à des prédictions sur ce que la prochaine décennie pourrait apporter à nos connaissances.

L'immunothérapie contre le cancer

Pendant des décennies, les médecins avaient trois solutions peu engageantes pour attaquer une tumeur: la chirurgie, le poison (chimiothérapie) et l'irradiation (radiothérapie).

La décennie 2010 a validé une quatrième idée longtemps mise en doute: l'immunothérapie. Le principe est de traiter les globules blancs qui composent le système immunitaire afin qu'ils détectent et attaquent les cellules cancéreuses, le cancer étant autrement expert pour rester incognito dans l’organisme.

La technique la plus avancée s'appelle CAR-T et modifie génétiquement les lymphocytes T avant de les réinjecter en nombre dans le corps, mieux armés.

La lutte contre le cancer n'est pas finie

Une vague de médicaments ont été autorisés sur le marché depuis le milieu des années 2010, pour de plus en plus de cancers (mélanome, lymphomes, leucémies, cancer du poumon…).

L'immunothérapie ne marche pas chez tous les patients et elle peut avoir des effets secondaires redoutables. Mais chez une minorité les rémissions sont impressionnantes.

Pour William Cance, directeur scientifique de l'American Cancer Society, la prochaine décennie apportera des immunothérapies "meilleures et moins chères".

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Les ciseaux moléculaires Crispr

En biomédecine, il y a un avant et un après-Crispr. "La modification génétique par Crispr est de loin en tête" des découvertes de la décennie, dit le prix Nobel de médecine 2019, William Kaelin.

Les généticiens savent depuis longtemps créer des organismes génétiquement modifiés (OGM), mais les techniques de modification du génome étaient laborieuses, chères et peu précises.

En juin 2012, les chercheuses Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna et des collègues décrivent dans la revue Science un nouvel outil capable de simplifier la modification du génome.

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"Imbattable"

Le mécanisme s'appelle Crispr/Cas9 et est surnommé ciseaux moléculaires. Il est facile d'emploi, peu coûteux, et permet aux scientifiques d'aller couper l'ADN exactement là où ils le veulent, pour par exemple créer ou corriger une mutation génétique et soigner des maladies rares.

"Imbattable", résume Kiran Musunuru de l'université de Pennsylvanie.

Les deux chercheuses ont été couvertes de récompenses depuis: le Breakthrough Prize (2015), le prix scientifique de la Princesse des Asturies (2015) ou encore le prix Kavli pour les nanosciences en Norvège (2018).

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Attention aux apprentis-sorciers

La technique est encore loin d'être infaillible et fait craindre les apprentis-sorciers, comme ce scientifique chinois qui fait scandale en l'utilisant sur des embryons humains lors d'une fécondation in vitro qui a donné naissance à des jumelles.

Il a tenté de créer chez elles une mutation de résistance au VIH, mais les ciseaux Crispr ont provoqué d'autres mutations par erreur, dont l'effet sur la santé reste inconnu.

Mais Crispr est désormais dans tous les laboratoires. William Kaelin prévoit une "explosion" de son utilisation pour guérir les maladies.