L’administration Trump coupe les fonds pour la recherche sur les tissus foetaux
Ces recherches sont pourtant indispensables à la lutte contre le VIH, la maladie d’Alzheimer, les blessures de la moelle épinière et les maladies ophtalmiques.
Coup dur pour la recherche médicale. Le 5 juin, le gouvernement du Président américain Donald Trump a déclaré qu’il empêcherait désormais les centres fédéraux de faire des études sur les tissus de fœtus avortés. Dorénavant, plus aucun chercheur des Instituts nationaux de santé (NIH) ne pourra travailler sur ce type de tissus. "Promouvoir la dignité de la vie humaine de la conception jusqu’à la mort naturelle est l’une des premières priorités de l’administration du Président Trump", se justifie le département de la santé.
Une décision "non fondée sur des faits scientifiques"
L’administration républicaine ne renouvellera donc pas le contrat de financement public de 2 millions de dollars avec l’université de Californie pour des travaux de recherche sur les tissus fœtaux, pourtant indispensables au développement de nouveaux traitements contre le VIH. Dans ce centre, les chercheurs utilisent en effet des souris, dans lesquelles ils implantent des cellules fœtales pour créer un système immunitaire proche de celui de l’homme et tester des anticorps potentiels contre le virus. Aujourd’hui, près de 1,1 million d’Américains vivent avec le virus du sida, et aucun vaccin n’a encore été trouvé.
Le dirigeant de l’université a dénoncé une "décision abrupte", "motivée politiquement, court-termiste et non fondée sur des faits scientifiques". D’autant que les tissus fœtaux sont aussi utilisés pour la recherche contre la maladie d’Alzheimer, les blessures de la moelle épinière et des maladies ophtalmiques. Ils ont en outre déjà permis de nombreuses avancées, notamment pour les vaccins contre la poliomyélite, la rubéole et la rage.
"Ralentir les traitements contre le cancer, le sida, la démence"
L’arrêt des financements publics "va anéantir des recherches cruciales, ralentir les traitements contre le cancer, le sida, la démence. Interdire le tissu fœtal, c’est interdire l’espoir pour des millions de gens qui souffrent de maladies invalidantes", a réagi sur Twitter Lawrence Gostin, professeur en droit de la santé à l’université Georgetown de Washington. La recherche privée pourra toutefois se poursuivre, tant qu’elle n’est pas cofinancée par des fonds publics.
La décision de l’administration républicaine intervient dans un contexte anti-IVG très marqué : plusieurs Etats conservateurs du Sud se sont lancés ces derniers mois dans une offensive contre l'avortement, en faisant voter des lois de quasi-interdiction ou très restrictives. La Géorgie, notamment, expose à la prison à vie et à la peine de mort celles qui auraient recours illégalement à l’IVG.