Un soutien-gorge capable de détecter un cancer du sein ?
Un soutien-gorge high-tech capable de détecter un cancer du sein six ans avant une mammographie... C'est ce que se targue d'avoir développé une firme américaine, First Warning System, grâce aux recherches publiées en 2007 d'un professeur anglais de l'université de Bolton, Elias Siores. Mais ceux qui s'imaginent que l'appareil est une mini-IRM ou un mini-échographe sont loin du compte : il fonctionnerait grâce à la détection d'un changement de température mammaire, signe d'un cancer du sein. Alors véritable progrès scientifique ou vaste arnaque ? Des explications.
Plus près d'une brassière de sport que d'un soutien-gorge sexy, "smart bra", littéralement le soutien-gorge malin, pourrait représenter le moyen de dépistage du futur du cancer du sein.
Le principe de l'objet révolutionnaire ?
Lorsqu'une tumeur mammaire se développe, elle provoque la formation de nombreux vaisseaux sanguins menant à elle pour "s'alimenter", un processus appelé néoangiogénèse. Or, la formation de vaisseaux sanguins provoque un changement de température au sein même de la tumeur, contrairement aux tissus sains environnants. C'est cette variation de température qui est détectée par de simples capteurs présents dans le soutien-gorge. Les données recueillies par la surprenante invention sont ensuite enregistrées dans un ordinateur via un réseau wifi pour analyse et éventuelle détection d’un processus pathologique encourageant le recours à un spécialiste.
Selon le site de la firme américaine, le "smart-bra" a déjà subi trois essais cliniques sur un panel de 650 participantes et un quatrième est planifié pour la fin de l'année. Effectivement, les résultats semblent étonnants : en plus de pouvoir détecter des cellules cancéreuses jusqu'à six ans plus tôt que les mammographies, il détecte les tumeurs mammaires avec une fiabilité de 90%. Tout cela sans présenter aucun effet secondaire et en évitant des irradiations de mammographies successives.
Trop beau pour être vrai ?
Malgré des résultats présentés comme remarquables, de nombreux médecins restent septiques. La principale critique de ce produit et pas des moindres, est qu'aucune étude n'a jamais démontré l'efficacité du recueil des variations de températures dans le diagnostic précoce du cancer du sein.
C'est ce que souligne Lydia Marie-Scemama, gynécologue obstétricien : "La technique utilisée par la firme s'appelle la thermographie, connue depuis des années. A la mode il y a vingt ans, elle est devenue désuète car aucune étude n’a jamais démontré son efficacité".
De plus, cette technique, même si elle s'avérait fiable, pourrait rester déficiente dans le dépistage de tumeurs profondes, loin de la peau et donc des capteurs intégrés au soutien-gorge.
Enfin, les données présentées semblent opaques : quid de la méthodologie des études dites diagnostiques ? Et de leurs financements ? En effet, si les études ont été financées par la firme First Warning System, il y aurait manifestement un conflit d’intérêt très dommageable à la validité de l’étude.
Le sous-vêtement controversé devrait sortir en Europe courant 2013, puis probablement aux Etats-Unis, après validation par la Food and Drug Administration (FDA). Un soutien-gorge "gadget" qui coûtera la bagatelle de 770 euros.
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- First Warning System
La firme commercialisant le produit "First Warning System".