Combien d'actes chirurgicaux injustifiés en France ?
En mettant en lumière d’importants écarts régionaux dans le nombre d’opérations chirurgicales pratiquées, une étude de la Fédération Hospitalière de France suggère que bon nombre d’actes pratiqués sur le territoire sont inutiles.
La Fédération Hospitalière de France (FHF) a diligenté une enquête sur la réalisation de cinq actes chirurgicaux sur le territoire : la césarienne, le pontage coronaire, la chirurgie du rachis, l’endo-prothèse vasculaire et les interventions sur le cristallin.
"Les cartographies réalisées montrent que le recours à ces actes pour 100.000 habitants varie de façon très importante entre les régions", explique Frédéric Valletoux, président de la FHF, dans un communiqué. Ainsi, le taux de recours à la chirurgie du rachis "est compris entre 102 et 128 pour 100.000 habitants en Ile de France, alors qu’il varie de 177 à 192 en Bourgogne Franche-Comté". Des variations analogues sont observées, entre d’autres régions, pour les autres actes.
Or, il est loin d'être certain que la démographie suffise à expliquer ces différences. Une interprétation possible de ces résultats est que, dans certaines régions, les chirurgiens ont le bistouri facile… au détriment, en premier lieu, de la qualité de vie des patients, mais également de la santé des comptes publics.
Des variations notables sont également observées entre les secteurs publics et privés, essentiellement concernant les césariennes et les interventions sur le cristallin.
Les Français pour la suppression de la tarification à l'acte
Parallèlement à ce travail, une seconde enquête également réalisée pour la FHF montre qu’un tiers des médecins estiment aujourd’hui que "plus de 20% des actes et examens médicaux ne sont pas justifiés".
Dans le cadre de ce travail, la FHF note que "81% des Français [interrogés] sont pour l’obligation d’un second avis avant la réalisation d’actes chirurgicaux lourds", et que "85% des français pensent que communiquer sur les écarts de pratiques des médecins pourrait améliorer les prises en charge médicales"
"Enfin et surtout, les Français se prononcent sur la fin de la tarification à l’acte : 64% à 72% pensent qu’une autre rémunération des professionnels de santé et des hôpitaux serait « juste », « efficace », « positive pour les Français », « moins coûteuse » et surtout qu’elle serait « possible »", souligne Frédéric Valletoux.
"En mai dernier, la Fédération a signé la charte d’engagement en France de la campagne internationale Choosing Wisely® (Choisir avec soin). Le principe est d’identifier par spécialité, des prescriptions pour lesquelles la balance bénéfice/risque doit être évaluée et le risque de non pertinence est réel. De plus, la FHF est engagé dans un projet de coopération de travail sur la pertinence des actes, des activités et des structures, avec la Fédération des spécialités médicales".