Machines de collecte de plasma : les particules suspectes seraient du sang
Les autorités sanitaires ont mis 300 machines de collecte de plasma à l’arrêt "par précaution" le 13 septembre 2018, craignant un risque toxique. Elles se montrent aujourd’hui rassurantes tout en voulant poursuivre les investigations.
Plus de peur que de mal ? L’utilisation de quelques 300 machines de collecte de plasma a été suspendue en raison de présence de particules dans la machine et dans les poches, faisant craindre un risque d’empoisonnement pour les donneurs et les receveurs. Mais les particules suspectes étaient "probablement du sang coagulé" et non des substances toxiques, a indiqué mardi l'Agence du médicament (ANSM).
L'utilisation des machines de la société américaine Haemonetics, soit la moitié du parc français, a été suspendue par précaution le 13 septembre. Les premiers résultats de l'ANSM sont "rassurants" mais pour autant, "les investigations doivent se poursuivre" afin d'avoir davantage de précisions, a indiqué la directrice générale adjointe de l'agence, Christelle Ratignier-Carbonneil, lors d'un point presse.
Une décision motivée par 3 incidents
La décision de suspension a été motivée par trois incidents, le 24 août à Tarbes et les 10 et 11 septembre à Annonay et l'hôpital Avicenne de Bobigny. A chaque fois, des particules visibles à l'oeil nu ont été observées à l'intérieur de la machine utilisée pour le don de plasma. Dans le cas de l'incident de Tarbes, ces particules étaient également présentes à l'intérieur de la poche de plasma.
"C'est probablement du sang coagulé qui s'est formé en particules, ce qui est un élément particulièrement rassurant", a déclaré Mme Ratignier-Carbonneil.
Des particules toxiques dues à la machine elle-même ?
Trois lanceurs d'alerte, dont un ancien directeur commercial de la société américaine, dénoncent les dangers supposés des appareils de Haemonetics pour l'aphérèse. Cette technique de prélèvement du plasma sanguin consiste à extraire le sang du donneur bénévole, en isoler le plasma, et lui réinjecter le reste du sang. En cause selon eux, le dispositif spécifique utilisé par la société américaine: un automate dans lequel on insère un bol à usage unique, qui tourne très rapidement pour isoler le plasma à partir du sang.
Selon les lanceurs d'alerte, les joints de ces bols sont sujets à une usure anormale, aggravée par les vibrations de l'appareil. Ils affirment que l'usure de ces joints provoque l'introduction dans le sang ou le plasma de minuscules particules de composants cancérogènes ou mutagènes, les résines phénol-formaldéhyde et le trioxyde d'aluminium.
"Aucun marqueur pouvant évoquer des particules provenant du joint" n'a été mis en évidence par les premières investigations", a souligné Mme Ratignier-Carbonneil.
Malgré tout, la présence des particules observées "doit pouvoir être expliquée", a-t-elle ajouté pour justifier la poursuite des investigations.
Dans le cadre de ces investigations, l'ANSM inspectera notamment l'usine de fabrication des bols utilisés dans les machines, située en Malaisie, à Penang, a-t-elle indiqué.