Non, le CHU de Nantes n’a pas besoin de sang rare pour sauver un enfant…
Depuis 2003, un message internet prétendant émaner du CHU de Nantes, appelle à un don de sang urgent pour sauver une fillette malade… Ne tombez pas dans le piège, tout est faux...
"Merci de faire suivre au plus grand nombre". Par la magie de cette formule, le message est relayé, sans fin, par des personnes animées des meilleures intentions du monde… depuis près de quinze ans.
Les textes les plus partagés prétendent se faire l’écho d’un "besoin urgent" d’un CHU de l’ouest de la France (Nantes ou Angers), pour sauver un enfant (Noëlie, Lucie…) atteint d’une maladie rare (leucémie…). Pour la sauver, il faut un don de sang "rare" (A négatif [1]), ou un don de moelle osseuse.
L’origine du message a été identifiée il y a longtemps par l’équipe d’Hoaxbuster, site de lutte contre les canulars du web francophone. Initialement, un authentique appel à la solidarité lancé par la mère d’un nourrisson, Noëlie. Inscrite sur le fichier mondial des dons, le bébé a bénéficié d'une greffe de sang placentaire le 8 décembre 2003. Elle est malheureusement décédée sept mois plus tard.
Un hoax qui jette le discrédit sur le don
Mais le message – non daté – a continué de circuler… et d’être modifié par des gens mal intentionnés, qui ont inventé les noms d’un service médical, d’un médecin, des numéros de téléphone. Hélas, n’importe quel moteur de recherche permet de retrouver le numéro du standard… qui préférerait ne pas avoir à traiter de tels appels.
"Abusées par ces messages frauduleux", de nombreuses personnes appellent, "de bonne foi", "les services du CHU de Nantes", déplorait début 2017 sur le site de l’établissement Emmanuelle Dubois, membre de la direction des affaires générales. "Ces messages ne sont pas sérieux : aucun Dr Rigaudeau ou Riaudeau n'exerce au CHU de Nantes et le service mentionné n'existe pas", insiste-t-elle. "Bien que motivés par de très bonnes intentions, ces appels encombrent inutilement des lignes déjà fort demandées."
Des communiqués analogues sont diffusés, depuis près de 15 ans, par divers autres établissements... en vain. En 2007, le CHU d'Angers expliquait que des dizaines de personnes se voyaient annoncer chaque jour, par le standard, avoir été victimes d'un canular. "De quoi décourager les bonnes volontés", et jeter le discrédit sur le don.
Seul l'EFS est habilité à effectuer des appels à donneurs
Le succès de tels appels frauduleux repose sur la générosité et la bienveillance de ceux qui le reçoivent. Cliquer sur un bouton "j’aime", "partager" ou "faire suivre" ne vous coûte rien… mais aura l’effet inverse de celui escompté : compliquer le travail d’un établissement de santé. Supprimez donc ces messages dès que vous les recevez, et n’hésitez pas à prévenir les personnes qui vous les ont transmis de ne pas participer à leur diffusion. Ne serait-ce que par égard pour les parents de l’enfant décédé en 2004, aidez à interrompre cette "chaîne de solidarité".
Le CHU de Nantes rappelle que seul l'Etablissement français du sang est habilité à effectuer des appels à donneurs. Concernant les dons de moelle osseuse, les personnes qui souhaitent faire preuve de solidarité peuvent s’inscrire sur le fichier mondial de don fichier mondial du don. Bien plus concrets qu’un "like" sur Facebook, de tels dons permettent la survie et la guérison de très nombreuses personnes.
[1] 6,8% de la population étant porteurs de ce groupe et de ce rhésus, soit un peu plus d'une personne sur quinze. Concernant le don de moelle osseuse, la compatibilité entre un donneur et un patient "fait appel à un système complexe, différent des groupes sanguins (système HLA)", précise l'Agence de Biomédecine, qui souligne que "la probabilité de trouver deux individus compatibles en dehors de la fratrie est de 1 chance sur 1 million, [raison pour laquelle] chaque nouvelle inscription compte, et apporte une chance supplémentaire de guérison pour les malades."