Grève aux urgences : « C’est tout notre système qui est ébranlé »
Dans la nuit du 3 au 4 juin, des grévistes de l'hôpital de Lariboisière à Paris se sont mis en arrêt-maladie afin de ne pas avoir à assurer la continuité des soins et ainsi faire entendre leur mécontentement.
Alors que la grève se poursuit dans de nombreux services d’urgences, nos confrères du JDD ont eu accès à une note interne de la fédération hospitalière de France datée du mois de mai. Dans cette note, la FHF pointe « des situations de quasi-rupture de continuité de service public ». Une manifestation nationale aura lieu jeudi 6 juin à l’appel du collectif inter-urgences. La pression est maximale alors que le projet de loi santé est examiné cette semaine au Sénat.
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La crise des urgences est-elle la même partout en France ?
François Braun, président de Samu-Urgences de France : " Il y a une crise globale des urgences qui sont surchargées et des personnels qui n’en peuvent plus. Selon les endroits les solutions seront différentes. Certains établissements manquent de médecins, d’autres manquent d’infirmiers, d’autres manquent d’aides-soignants… À d’autres endroits ce sont des problèmes de locaux ou de budget. La crise est profonde c’est ça qui fait toute la gravité de cette crise… C’est tout notre système qui est ébranlé actuellement."
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Pourquoi les urgences sont-elles surchargées ?
François Braun : " 4 à 6 patients sur 10 qui se présentent aux urgences devraient être pris en charge différemment… On se retrouve avec des urgences saturées par des patients pour lesquels nous ne préparons pas les urgentistes. Les urgentistes sont formés aux pathologies graves et urgentes, ils ne sont pas formés aux autres pathologies. Il est indispensable de diminuer la charge de travail aux urgences. Si on continue à ouvrir grand les portes pour tous les patients on ne s’en sortira jamais. "
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Les urgences peinent-elles à recruter ?
François Braun : " Les urgences restent une activité très intéressante, passionnante, difficile mais recherchée. Mais on doit proposer à ces jeunes médecins un mode d’exercice apaisé. Bien sûr on continuera à travailler la nuit et les week-ends mais il faut qu’on puisse travailler dans de bonnes conditions et pour ça il faut diminuer la charge de travail."
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Comment s'organiser avant l'été ?
François Braun : "Il faut mobiliser tout notre système de santé autour de cette période estivale. Les urgences vont être en totale saturation cet été. Il faudrait que les médecins généralistes ne prennent pas leurs vacances tous en même temps et s’assurer que sur les territoires la continuité des soins est maintenue. Deuxième élément, il faudrait qu’à l’intérieur de l’hôpital on ne ferme pas les services d’aval des urgences, c’est-à-dire les services de médecine. Or c’est exactement l’inverse qui est fait en ce moment… On augmente la pénibilité, les soignants sont en burn-out, et nous sommes pris dans un cercle vicieux infernal… "