Vaccin AstraZeneca et risques de thrombose : une injection accidentelle dans le sang est-elle en cause ?
La survenue de thromboses chez des personnes vaccinées avec AstraZeneca pourrait s’expliquer par une erreur lors de l’injection du vaccin, si l’aiguille pique un vaisseau sanguin plutôt que le muscle. C'est l'hypothèse d'un Collectif scientifique.
Comment expliquer le sur-risque de thrombose observé avec le vaccin AstraZeneca ? Le Collectif du Côté de la Science, qui rassemble médecins, scientifiques, enseignants et chercheurs impliqués "dans l’information et la prévention contre le covid-19 depuis le début de la pandémie" émet plusieurs hypothèses dans un article publié le 25 mars. Il évoque notamment la piste d’une erreur dans l’administration du vaccin.
Un vaccin intramusculaire
De quelle erreur s’agit-il ? Ce vaccin s’administre en intramusculaire, dans le muscle deltoïde de l’épaule. Car un vaccin n’agit pas en étant disséminé dans le sang. La réaction immunitaire est locale : ce sont les cellules immunitaires qui se déplacent jusqu'au site d’injection. Mais il peut arriver que l’aiguille atteigne une veine plutôt que le tissu musculaire. C’est ce type d’erreur qui peut poser problème, selon le Collectif.
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Trop de "filets" immunitaires dans le sang
La première hypothèse porte sur une réaction immunitaire. Le vaccin AstraZeneca contient des adénovirus qui présentent à leur surface la protéine S du SARS-CoV-2. Ces "faux-virus" déclenchent plusieurs réactions immunitaires, dont la production par certains globules blancs d’une sorte de "filet" appelé "NET". Son objectif est "« d’attraper » et « d’emprisonner » les virus circulants", explique le Collectif.
Or, selon plusieurs études, le NET peut être associé à la survenue de thromboses dans le cas où l’injection du vaccin se fait accidentellement dans une veine. Ce sont "les adénovirus injectés directement dans le sang" qui entraîneraient la formation de NET dans les vaisseaux. Puis les NET participeraient à '"la formation de thrombus", des masses sanguines coagulées dans un vaisseau, puis des thromboses, détaillent les auteurs de l’article.
Trop de protéines S sur les cellules des vaisseaux
Une autre piste concerne la protéine S, présente sur les adénovirus du vaccin. Cette protéine pourrait activer une cascade immunitaire conduisant à des thromboses si elle se fixe aux cellules endothéliales, celles qui tapissent l’intérieur des vaisseaux sanguins.
Comment s’y fixe-t-elle ? Comme sur toutes les cellules cibles du SARS-CoV-2 : la protéine S reconnaît les récepteurs ACE2 des cellules humaines et s’y accroche.
Or s’ils sont occupés par les protéines S, moins d’ACE2 sont disponibles à la surface des cellules endothéliales. Et ce phénomène de manque "pourrait engendrer une augmentation du risque thrombotique", remarquent les scientifiques, études à l'appui.
Vérifier l’absence de "retour sanguin" ?
Pour le moment, il ne s’agit que d’hypothèses qui ne constituent pas de preuves scientifiquement démontrées. Mais si le rôle de l’injection intravasculaire accidentelle dans la survenue de thrombose était établi, "un moyen simple" de pallier ce risque "pourrait être de vérifier l’absence de retour sanguin lors de la vaccination, ce que ne recommande actuellement pas le ministère de la santé" avancent les auteurs de l’article.
Vérifier l’absence de "retour sanguin" consiste à tirer le piston de la seringue une fois l’aiguille placée. Si du sang remonte dans la seringue, cela signifie que l’aiguille n’est pas dans le muscle mais dans un vaisseau et qu’il faut la retirer, repiquer et recommencer la vérification. Mais cette procédure n’est plus d’usage pour les vaccins intramusculaires, car elle peut être douloureuse et ne présenterait pas d’intérêt.
La balance bénéfice-risque reste favorable
Quelle que soit la cause du sur-risque de thrombose observé avec le vaccin AstraZeneca, sa balance bénéfice-risque reste en tout cas largement favorable. "Pour remettre ces données en perspective", les scientifiques rappellent que la thrombose survient à une fréquence rare de un cas sur 200.000 personnes.
En parallèle, "le coût humain d’un échantillon de 1,5 millions de personne infectées (par le covid, ndlr) du fait d’une non vaccination serait de 1500 décès avec un létalité de 1 pour 1.000".