Des blouses bleues contre la violence à l'hôpital
D'un côté, les traditionnelles blouses blanches pour les médecins et, de l'autre, des blouses bleues pour les étudiants. Il s'agit du nouveau code vestimentaire instauré par le service des urgences du CHU de Limoges pour lutter contre les violences à l'encontre du personnel médical.
Des blouses blanches pour les médecins et les internes, des blouses bleues pour les étudiants : c'est la nouvelle règle établie dans l'enceinte des urgences du CHU de Limoges. Après avoir fait le constat d'un manque d'information des patients sur l'organisation des urgences, le service a décidé de différencier les acteurs médicaux pour réduire les risques de violence à leur encontre. "Au cours de nos discussions entre médecins, infirmières, cadres et membres de la direction, il est apparu que de nombreuses tensions naissaient d'une méconnaissance des patients du fonctionnement d'un service comme les urgences", explique Stéphane Cibert, cadre de santé dans cet hôpital, en pointe depuis vingt ans pour améliorer les relations entre patients et praticiens.
Plus de transparence pour apaiser les tensions
Ainsi, au CHU de Limoges, douze étudiants externes travaillent en rotation aux urgences qui reçoivent environ 50.000 malades par an. Mais comme dans tout hôpital, ils sont en stage et n'ont le droit ni d'examiner les patients, ni de prendre de décisions médicales. "Ils sont là pour apprendre, ils posent quelques questions pour réduire les pistes, mais c'est ensuite au médecin titulaire de poser le diagnostic et de rendre les décisions", explique Stéphane Cibert.
Or, "tout ce que voit le patient qui est stressé, angoissé et qui souvent souffre physiquement, c'est une brochette de blouses blanches qui restent là, assises, sans l'ausculter ! Alors il perd son calme, quand ce n'est pas la famille !", résume-t-il.
D'où la mise en place début septembre d'un dispositif simple de différenciation par la couleur des blouses afin de "montrer très concrètement aux patients que tout ce qui est vêtu de bleu n'a pas le pouvoir de décider", précise Maïté Belacel, du service de communication de l'hôpital.
Une formation pour gérer les situations difficiles
L'établissement est favorable à l'amélioration de la communication entre patients et médecins. Il est d'ailleurs l'un des premiers à avoir proposé, en France, des cours de "self-defense" à ses personnels médicaux, dès 1995. Ces derniers ont également accès à une formation sur la prévention de la violence verbale. Le même CHU est aussi depuis un an le promoteur d'une campagne de sensibilisation par affichage dans les zones d'attente et de passages "qui montrent des situations habituelles d'attente aux urgences pour expliquer aux gens que ce n'est pas parce que le médecin n'est pas auprès d'eux qu'il n'est pas en train de les soigner", explique Maïté Belacel.
"Aujourd'hui tous les antécédents médicaux sont informatisés, un médecin passe donc beaucoup de temps derrière un écran, cela ne veut pas dire qu'il n'est pas sur le cas de son patient, tout comme il peut être au téléphone en train de demander l'avis d'un confrère. Mais ça, le patient ne le devine pas si on ne le lui dit pas", souligne Stéphane Cibert.
Quelques semaines après la mise en place du dispositif, l'encadrement estime qu'il est encore trop tôt pour dresser un premier bilan : "Non seulement il est tôt mais, par définition, nous ne pourrons jamais mesurer les conflits qui auraient dû avoir lieu et que nos blouses ont désamorcé", s'amuse Stéphane Cibert.
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