Des livres pour prévenir les violences faites aux enfants
Danseuse, comédienne et réalisatrice, Andrea Bescond a été victime de violences sexuelles lorsqu'elle était enfant. Aujourd'hui, elle publie trois livres pour aider les parents à aborder ce sujet tabou avec leurs enfants.
Chaque année, en France, des milliers d’enfants subissent des maltraitances, sont victimes d’inceste, de pédocriminalité, de harcèlement, sont délaissés, ou vivent sous le seuil de pauvreté. Des drames aggravés par la crise du Covid-19.
Pour mobiliser l’ensemble de la société civile contre ce fléau, une campagne de sensibilisation a été lancée : La Grande Cause pour la Protection de l’Enfance. La comédienne Andréa Bescond, co-scénariste et réalisatrice du film “Les Chatouilles”, inspiré des violences sexuelles dont elle a été victime dans son enfance, est la marraine de cette Grande Cause. Elle répond à nos questions.
Dans votre histoire, beaucoup d’adultes vous entouraient, et personne n’a rien vu, personne n’a rien fait. Comment agir lorsque l’on soupçonne des violences sur des enfants ?
C’est toujours très compliqué. Effectivement, mes parents n’ont rien vu puisque la personne qui m’a violentée sexuellement était un très grand manipulateur, très sympathique, aimé de tous, comme beaucoup. Comme beaucoup d'adultes, mes parents avaient plutôt peur d'un enlèvement. Ils me disaient “attention, ne reste pas seule”...
Mais personne ne peut imaginer qu’un membre de sa famille puisse vous faire du mal. Pourtant 94% des violences sur mineurs sont commises par une personne du cercle familial.
A quoi doit-on être attentif alors ?
Il faut surtout discuter avec les enfants. Tous les adultes doivent être vigilants, et pas uniquement les parents. Si les parents sont dans le déni, ou si l’agression a lieu au sein de la famille, il est difficile de réagir. Parfois, l’un des deux parents est lui-même agresseur, ou sous emprise. C’est à la société en général de réagir.
Mais plusieurs signes peuvent mettre la puce à l'oreille : un enfant qui change de comportement, qui a des problèmes d’hygiène, qui devient agressif, qui développe des troubles alimentaires... Il faut être attentif à tous les changements, et croire à la parole de l’enfant aussi.
Pour faciliter les échanges, vous avez publié une série de livres adressés directement aux enfants. A l’aide de petites histoires courtes et directes, vous leur expliquez leurs droits, le nom des parties intimes de leur corps, mais aussi, comme l’indique le sous-titre, que l’on peut "parler de tout, sans tabou". Que faut-il leur dire exactement ?
Je crois qu’il est surtout compliqué pour nous adultes de bousculer nos propres tabous. Les enfants, eux, n’ont jamais peur de parler. Quand on leur dit “anatomiquement tu as un pénis, une vulve, ce sont tes parties intimes et personne n’a le droit d’y toucher, de toucher à ton intégrité. Cette intégrité doit être préservée.
Elle t'aidera plus tard à devenir un adulte équilibré. Les enfants n’ont pas peur d’évoquer tous ces sujets. Ils parlent de l’addiction aux écrans, du harcèlement, de racisme, d’homophobie. Finalement, ce livre est surtout un ouvrage pour aider les adultes à parler de sujets peut être tabous mais fondamentaux. C'est à eux de se confronter à leurs peurs.
Comment utiliser ce livre à la maison ?
Vous êtes libre de lire ces ouvrages comme vous le voulez. Selon les âges, l'enfant peut lire seul ou accompagné par un adulte. Pas forcément l'un de ses parents d'ailleurs. On peut tourner quelques pages, le poser, y revenir. Ces livres sont très énergiques, très colorés, ils n’ont rien d’effrayant. Nous ne souhaitons pas générer de la peur, au contraire, nous voulons générer de la confiance et du dialogue.
- Et si on se parlait ? Le petit livre pour aider les enfants à parler de tout, sans tabou. Andréa Bescond et Mathieu Tucker. Harper Collins
Si vous avez des idées de solutions concrètes pour lutter contre les violences faites aux enfants, vous pouvez les partager en participant à la consultation nationale, première étape de la Grande Cause pour la Protection de l'Enfance.