Hôpitaux : un acte de violence toutes les 30 minutes
L’Observatoire national des violences en santé (ONVS) publie son rapport annuel sur les violences en milieu hospitalier déclarées en 2014. Il pointe du doigt une augmentation des violences graves à l’encontre du personnel hospitalier.
14 502 signalements d’atteintes aux personnes et aux biens, émanant de 337 établissements sanitaires et médico-sociaux, sont parvenus en 2014 à l’Observatoire national des violences en santé (ONVS). Le rapport qu’il publie révèle que le nombre des déclarations de violences est en hausse bien que le nombre des établissements participant au dispositif soit en légère baisse : en 2013, 353 établissements avaient signalé 12 432 situations de violence.
Une déclaration sur trois émane d'un établissement de la région Ile-de-France.
Les infirmières en première ligne
En 2014, 18 143 personnes ont été victimes d’atteintes aux personnes et aux biens, ce qui représente 50 agressions quotidiennes et une victime toutes les 30 minutes.
Le personnel est majoritairement touché par les violences : il représente 85% des victimes d’atteintes aux personnes, parmi lesquels 46 % d’infirmières et 9 % de médecins.
Viennent ensuite les patients, mais en proportion beaucoup plus réduite (9%). Le personnel de sécurité ne représente que 3% des cas.
Sur l'ensemble du territoire, la psychiatrie (21 %), les urgences (15 %), la médecine (9 %) et la gériatrie (9 %) sont les services hospitaliers qui sont les plus sujets aux violences.
Les patients et visiteurs, auteurs des violences dans 9 cas sur 10
L’ONVS a comptabilisé 11 835 auteurs de violences aux personnes. Dans 9 cas sur 10, les auteurs des violences étaient des patients (8 205) ou des visiteurs et accompagnants (2 372).
Violences graves en augmentation
Les violences physiques sont les plus fréquentes et elles sont à la hausse : elles représentent 48% de l’ensemble des agressions, soit 5 119 signalements (+3 % par rapport à 2013). Viennent ensuite les injures et insultes (32% soit 3452 signalements) puis les menaces d’atteinte à l’intégrité physique (18% soit 1888 signalements).
Les faits les plus graves, les violences avec arme pouvant aller jusqu’au crime, sont aussi à la hausse, et passent de 1 à 2 %. Dix viols, cinq séquestrations et une prise d’otage ont été notifiées en 2014. On constate l’usage d'armes à feu (un cas), d’armes blanches (12 cas) et de bombes lacrymogènes (un cas).
Dans les autres cas, du matériel hospitalier a été utilisé pour l’agression : un pied à perfusion, un plateau-repas, une massue en bois, des ciseaux, une chaise et un pistolet à bille sont évoqués dans les notifications.
Le rapport avance des éléments pour expliquer ces débordements violents. "Certains services sont le lieu d’expression principal des violences verbales avec une escalade pouvant déboucher sur des coups. Ces situations se retrouvent notamment dans les services où l’attente du patient est forte, chargée en émotion et en angoisse (pédiatrie, urgences) ou lorsque le patient estime que la prise en charge ne correspond pas à ses besoins. Les conditions d’accueil (services ponctuellement surchargés, longueur de l’attente, manque de personnel, communication insuffisante) peuvent constituer des facteurs de tensions supplémentaires, notent les auteurs. "Dans certains cas, on constate que l’agressivité et la violence sont les seuls modes d’expression connus par les protagonistes. La consommation d’alcool et de produits stupéfiants facilite le passage à l’acte", ajoutent-ils.
La cause des agressions concerne en effet la prise en charge dans 59 % des cas. Un temps d’attente jugé excessif est à l'origine de 12 % des faits recensés. L’alcoolisation (12 %), les règlements de compte (7 %) et les refus de prescription (6 %) sont également en cause.
Moins de suites judicaires
Les actes de violences classées sans suite sont, eux aussi, en augmentation. En 2014, les évènements de violence signalés par les établissements ont donné lieu à 2 224 dépôts de plainte (contre 2 257 en 2013) et à 185 mains-courantes (contre 260 en 2013).
Le rapport note que "il faut toutefois relativiser ces données puisque dans 58 % des cas les suites données ne sont pas renseignées."