Internes en médecine : des étudiants en souffrance
Un étudiant de Reims, interne en médecine générale s’est suicidé, il y a quelques jours. C’est le deuxième suicide d’un étudiant de cette faculté de médecine en un an. Ces étudiants sont régulièrement victimes d’humiliations, de violences psychiques et de propos sexistes.
Selon une étude de l’Intersyndicale nationale des internes, un interne sur quatre a déjà eu des pensées suicidaires.
Deux médecins, Sara Eudeline et Amélie Jouault, ont fait de ce sujet l’objet de leur thèse.
Elles ont reçu plus de 2000 réponses à leur questionnaire. Des témoignages d’étudiants en médecine, qui mettent en évidence des violences et du sexisme, vécus pendant leurs études. Et dans 9 cas sur 10, l’auteur des violences est un supérieur hiérarchique.
“Un médecin qui dit à un étudiant, ben tu vois la fenêtre ben t’es vraiment une merde, ce que tu as à faire c’est de l'ouvrir et de sauter. Moi, il y avait un chef de service qui m’avait dit tu n’as qu’à t’asseoir sur mes genoux pour mieux écrire sur l’ordinateur et c’était une blague pour lui. Sauf que quand tu regardes dans la loi, ce n’est pas du tout une blague. Mais ce n’est pas possible de dire quoi que ce soit. Les gens qui te disent ça, sont les gens qui t’évaluent, qui valident ton stage”, expliquent-elles.
Briser l’omerta à l’hôpital
Les deux médecins veulent briser l’omerta à l’hôpital.
A plus de 60 ans, le Pr Agnes Hartemann, diabétologue, souhaite, elle aussi, mettre fin à une tradition bien ancrée dans les salles de garde et qui semble perdurer.
“Il y a des étudiantes qui renoncent à faire chirurgie à cause de ça, à cause de la charge de travail, les gardes mais aussi à cause de cet esprit carabin. Moi de mon temps je me suis débrouillée pour ne pas aller au bloc opératoire à cause de ça ”, explique-t-elle.
Ces violences ne sont pas sans conséquences.
“Cette problématique a une incidence sur la santé des étudiants, elle a une incidence sur la santé des futurs médecins, ça peut avoir une incidence sur la santé des patients. Il faut changer ce mode d’enseignement“, explique le Dr Gilles Lazimi, enseignant en médecine générale.