Le 114 : un nouveau numéro pour donner l'alerte par SMS en cas de violences familiales
Les victimes de violences peuvent discrètement alerter les forces de l’ordre en envoyant un SMS au 114 pendant la période du confinement. Une initiative qui vient renforcer les numéros d’urgence comme le 39 19 et les tchats.
Comment demander de l’aider lorsqu’on subit des violences en période de confinement ? Les victimes de violences intrafamiliales ont dorénavant la possibilité de donner l'alerte via un SMS adressé au 114, a annoncé mardi 31 mars 2020 le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner.
"Nous mettrons en place à partir de demain, la possibilité de donner l'alerte par simple texto pour qu'ensuite les forces de sécurité intérieure interviennent", a-t-il déclaré lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.
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"Si je ne peux pas sortir, qu’est-ce qui se passe ?"
En pratique, le SMS devra être adressé au 114. Les opérateurs derrière ce SMS d'urgence préviendront ensuite les forces de l'ordre en leur transmettant les coordonnées de la victime.
"Le confinement ne doit pas être un terreau à la violence intrafamiliale. Nous nous sommes aperçus que malgré tous les dispositifs qui sont montés en puissance depuis un an, il pouvait y avoir encore un trou dans la raquette", a souligné le ministre.
"Il y a soit des numéros de conseils, soit des numéros d'urgence (comme le 39 19, ndlr), soit le tchat mais si je n'ai pas internet et si je ne peux pas sortir, qu'est-ce qui se passe ?", a interrogé Christophe Castaner. "Il restait donc le texto d'alerte. Il permet d'appeler au secours sans se faire entendre" par les auteurs de violences, a-t-il fait valoir.
Des interventions contre les violences en hausse
Le 27 mars, le ministre de l’Intérieur rapportait en effet une augmentation des violences conjugales depuis le début du confinement instauré pour combattre l'épidémie de coronavirus. En "zone gendarmerie", ces violences ont augmenté de "32% en une semaine", a-t-il dit. Et dans la zone de la préfecture de police de Paris, elles ont été en hausse de "36% en une semaine".
Précisément, il ne s’agit pas d’une hausse des violences mais d’une hausse des interventions pour violences. Les plateformes d'écoute ne remarquent quant à elles pas d’augmentation des appels, au contraire : "ce qui nous inquiète c’est que les femmes nous contactent peu et qu’on se doute que c’est parce qu’elles ne peuvent pas le faire" témoignait au micro de France Inter ce 1er avril la docteure Ghada Hatem, gynécologue-obstétricienne, médecin chef de la Maison des femmes de Saint-Denis. Un SMS, plus discret qu’un appel, pourrait peut-être changer la donne.
Un dispositif à pérenniser
Initialement, ce dispositif est "porté par le CHU de Grenoble" et "dédié aux personnes sourdes et malentendantes, en permettant une communication par SMS", a expliqué auprès de l'AFP Christophe Castaner.
"C'est Laurent Wauquiez, le président (LR) de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui m'a signalé la disponibilité du 114 (...) qui nous permettra de donner l'alerte par simple texto", a précisé le ministre.
Ce SMS d'urgence sera accessible aux victimes de violences intrafamiliales pendant la seule durée du confinement, mais Christophe Castaner a d'ores et déjà sollicité la plateforme arretonslesviolences.gouv.fr pour qu'elle puisse être saisie à l'avenir, également par SMS.