L’ANSM avertit sur les risques d'allergie liés aux médicaments contre les maux de gorge
Les médicaments à base d’alpha-amylase comme le Maxilase comportent des risques de réactions allergiques sévères. Ils devraient être disponibles uniquement sur demande au pharmacien qui délivrera des conseils d’utilisation, préconise l’ANSM.
Plus de Maxilase "devant le comptoir". L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) préconise de rendre les médicaments à base d’alpha-amylase disponibles uniquement sur demande au pharmacien "qui pourra alors, dans ce cas, délivrer les conseils nécessaires à leur bonne utilisation" annonce l’Agence dans un point d’information daté du 28 novembre.
Quels sont ces médicaments ? Le plus connu est le Maxilase® mais l’Alpha-amyalse® et l’Alpha-amylase Biogaran® sont également concernés. Vendus sous forme de sirop pour les nourrissons, enfants et adultes et sous forme de comprimé pour les adultes, ces médicaments sont indiqués comme traitement d’appoint dans les maux de gorge peu intenses et sans fièvre.
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Trois cas d’allergie sévère, dont un mortel
"Actuellement, ces médicaments sont disponibles sans prescription et pour les comprimés en accès libre devant le comptoir" rappelle à Allodocteurs.fr le docteur Jean-Michel Race, directeur des médicaments de la sphère ORL à l'ANSM. "Il s’agit de médicaments de confort, largement vendus : 9,5 millions d’unités en 2017" note-t-il.
Problème, ils peuvent être à l’origine d’effets secondaires indésirables graves, notamment des allergies cutanées comme de l’urticaire ou des démangeaisons mais aussi "très rarement des effets allergiques graves, pouvant se manifester par une chute de tension, des difficultés respiratoires seules ou associées à un gonflement de la face (chocs anaphylactiques)" décrit l’ANSM. Ainsi, "depuis 2013, trois cas d’allergie sévère dont un mortel ont été enregistrés dans les banques de pharmacovigilance" révèle le docteur Race.
Mieux conseiller les patients
Pour cela, "l’ANSM agit depuis 2018 avec notamment la modification des résumés des caractéristiques des produits et des notices à destination des patients pour y inscrire ce risque" rappelle le directeur des médicaments de la sphère ORL. Puis, "en juin 2019, l’Agence sanitaire a envoyé un courrier aux pharmaciens de façon à le informer de l’ajout de ces effets secondaires pour qu’ils puissent mieux conseiller les patients" ajoute-t-il. Car connaître le risque permet aux pharmaciens d’identifier "les patients à terrain allergique et de leur déconseiller ce produit" mais aussi de "demander à tous les patients s’ils ont remarqué des symptômes inhabituels lors de précédentes prises" souligne le docteur Race.
Des médicaments "banalisés"
Le pharmacien joue ici un rôle de conseil et d’information indispensable car "les médicaments devant le comptoir sont souvent banalisés puisque disponibles sans prescription, en libre accès" déplore le médecin. "Les patients n’ont même pas à les demander, il suffit de les prendre soi-même dans les rayons à côté d’autres produits comme du dentifrice" s’inquiète-t-il. Pourtant, "ils n’en demeurent pas moins des médicaments qui comportent des risques d’effets secondaires" rappelle le docteur Race.
"Tout symptôme ne nécessite forcément de réponse médicamenteuse"
Dernier point sur lequel le directeur des médicaments de la sphère ORL insiste : les médicaments à base d’alpha-amylase sont "des médicaments de confort, qui ne guérissent rien". Selon ce médecin, il est avant tout primordial d’expliquer que "tout symptôme ne nécessite pas forcément de réponse médicamenteuse". Car le plus souvent, "un mal de gorge passe tout seul en quelques jours et, comme pour un rhume, il faut avant tout appliquer les conseils classiques d’hygiène, d’hydratation et de lavage du nez".
La revue médicale indépendante Prescrire publiait de son côté une note en avril 2019 dans laquelle elle conseillait d’"écarter l’alpha-amylase des soins". Selon cette revue, "les confiseries à sucer et les boissons chaudes ou glacées" aidaient à soulager la douleur "chez les patients gênés par un mal de gorge". Des "remèdes" non médicamenteux, "efficaces et sans danger" affirme quant à lui le docteur Race.
Dans les cas plus sévères, "le paracétamol est l'antalgique de premier choix" concluait Prescrire. A condition bien sûr de ne pas dépasser les doses journalières recommandées.