Cellules souches : explications sur des cellules au potentiel illimité
Du prix Nobel de médecine à une multitude d'études relayées par les revues scientifiques, les cellules souches sont partout et difficilement évitables, même pour les plus entêtés. Mais que sont ces cellules dont les médias prêchent les pouvoirs infinis, notamment dans la médecine régénératrice ? Remède miracle ou dangereux arsenal ? Voici les éléments de réponse pour sortir du brouillard.
Toutes nos cellules dérivent de cellules souches...
Des neurones, en passant par les épidermocytes, une barrière cutanée nous protégeant des attaques extérieures, aux myocytes permettant de faire battre notre cœur, la grande majorité des cellules dites "différenciées" possèdent un rôle bien précis. Les milliards de cellules composant un humain sont plus différentes les unes que les autres, pourtant elles partagent un lignage commun : elles sont toutes descendantes des cellules souches.
Les cellules souches, mères de toutes les cellules, possèdent deux caractéristiques clés que ne partagent pas les autres cellules : leur capacité à se multiplier indéfiniment, appelée l'auto-renouvellement, et leur aptitude à se différencier en cellules propres à un organe.
Ces deux caractéristiques exceptionnelles ont ouvert une très large voie au développement d'une médecine régénératrice qui permettrait, entre autre, de remplacer les organes touchés par des accidents ou maladies.
Mais pour comprendre la suite, il faut savoir qu'on ne distingue pas un, mais trois types de cellules souches dont les capacités de différenciation varient en fonction de l'âge de l'embryon.
Trois types de cellules souches
Les premières sont les cellules souches "totipotentes", c'est-à-dire les cellules embryonnaires issues des premières divisions de l'ovocyte fécondé, les seules qui peuvent conduire au développement de tout un être humain.
Les secondes et probablement les plus connues sont appelées "pluripotentes". Ces cellules embryonnaires, issues de divisions plus tardives, ont vocation à former tous les tissus de l'organisme, mais ne peuvent aboutir à la création d'un individu complet.
Enfin, les cellules souches "multipotentes", présentes dans l'organisme adulte, sont dotées d'un potentiel de transformation limité à certains types cellulaires, comme les cellules de la lignée sanguine à l'origine entres autres des globules rouges, des globules blancs et des plaquettes.
Sans surprise, la recherche s'est intéressée dans un premier temps aux cellules souches embryonnaires, possédant la plus large possibilité de différenciation, mais elle s'est vite heurtée à une question éthique et pas des moindres : pour obtenir des cellules souches embryonnaires, un embryon précoce, donc une potentielle vie humaine, doit être détruit.
Face à ce dilemme éthique - faire progresser la recherche pour soulager des millions de patients et respecter une potentielle vie humaine -, le Pr. Shinya Yamanaka, chercheur à l'université de Kyoto, a trouvé la solution miracle qui lui a valu le prix Nobel 2012 de médecine.
Les cellules souches pluripotentes induites
C'est en 2007 que le monde de la recherche biomédicale a été ébranlé par les travaux du Pr. Shinya Yamanaka. Le chercheur avait mis au point une technique pour reprogrammer, par manipulation génétique, de simples cellules de la peau en cellules souches pluripotentes capables de se différencier en l'ensemble de nos tissus, des cellules baptisées pluripotentes induites (IPs).
Cette technique, capable de littéralement faire remonter le temps à nos cellules, a ouvert la voie à une foule de possibilités. Les IPs pourraient remplacer des cellules mortes ou défectueuses et régénérer un tissu humain comme le muscle cardiaque après un infarctus, le pancréas dysfonctionnel d'un diabétique de type 1 ou la moelle épinière sectionnée d'un paraplégique.
Récemment, c'est la création de spermatozoïdes et d'ovocytes viables chez les souris qui laisse espérer vaincre un jour l'infertilité humaine.
Pourtant un doute demeure, et seul le temps pourra le lever : le risque d'évolution cancéreuse des cellules IPs. En effet, tout comme les cellules cancéreuses, les cellules IPs ont perdu leur capacité de différenciation et se multiplient à l'infini. Une simple mutation génétique pourrait ainsi transformer cette découverte inespérée en désastre.
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