Urgences : de plus en plus de violences contre les médecins
Aux Urgences, les médecins subissent de plus en plus d'agressions. Que faire pour qu'ils puissent exercer leur métier en toute sécurité ?
Ces dernières semaines, plusieurs médecins ont subi des agressions sur leur lieu de travail. Samedi 18 février 2017, à Soisson, un urgentiste s’est retrouvé avec une jambe fracturée. L'agression de trop pour l'Ordre des médecins.
Dans son dernier rapport, en 2015, l'Observatoire des violences en milieu de santé recensait près de 10.000 atteintes aux personnes signalées par les établissements. Des violences malheureusement de plus en plus fréquentes, particulièrement aux Urgences. Mais si la tension monte et que la situation dérape, c’est aussi à cause des conditions d’accueil des patients, découlant elles-mêmes des conditions de travail dégradées des soignants.
"Depuis des années, par exemple, nous réclamons des locaux adaptés pour que les patients puissent être dans des filières particulières. Le patient qui arrive sur ses pieds doit être dans une filière spécifique, celui qui arrive couché dans une autre, et les patients potentiellement dangereux dans des locaux sécurisés et gardiennés. Mais il faut que ces trois circuits soient complètement indépendants, ce qui permettrait d’éviter beaucoup d’incidents comme ceux qu’on a connus ces derniers mois et ces dernières années", lance Christophe Prudhomme, porte-parole de l'Association des médecins urgentistes de France.
Pour lui, les causes de ces agressions sont structurelles. Les réponses à apporter aussi. "Aujourd’hui, il ne faut pas se focaliser sur les agressions aux Urgences qui augmentent mais se demander pourquoi ce nombre d’agressions augmente et comment fait-on pour y répondre. Une solution uniquement répressive - des vigiles, des caméras…- est sûrement très insuffisante. Ce n'est pas une seule mesure qui permettra de régler le problème."
Mais les restrictions budgétaires actuelles freinent les travaux nécessaires. Et les tensions augmentent avec des services d’urgences de plus en plus surchargés. Depuis le début des années 2000, le nombre de patients y est passé de 12 à 20 millions par an. Une situation explosive aggravée par le manque de médecins généralistes de garde, en ville, qui encourage les patients à se rendre directement à l'hôpital.