Trop d'infections sexuellement transmissibles chez les jeunes
VIH, syphilis, chlamydia… Les infections sexuellement transmissibles sont en hausse chez les jeunes. En 2013-2014, 40% des cas rapportés d'IST concernent des patients âgés de 15 à 24 ans. Des chiffres qui inquiètent les autorités sanitaires. Le Conseil national du sida et des hépatites virales vient de rendre un nouvel avis pour améliorer la prévention de ces maladies. Les explications du Pr Patrick Yéni, président du Conseil national du sida.
- Comment expliquez-vous que les IST continuent d'augmenter chez les jeunes ?
Pr Patrick Yéni, président du Conseil national du sida : "ll peut y avoir à la fois une diminution éventuellement de l'utilisation du préservatif, pas au moment du premier rapport mais à la longue. Il peut y avoir une évolution chez les jeunes des pratiques sexuelles, et éventuellement plus de prises de risques qu'il y a quelques années. Cela concerne tous les jeunes, mais plus particulièrement les jeunes qui sont plus spécifiquement exposés parce qu'ils sont un peu marginalisés par le système de soins, parce qu'ils ont des fragilités sociales, psychologiques voire économiques…"
- L'école joue-t-elle son rôle en matière d'éducation sexuelle ?
Pr Patrick Yéni : "Ce qui est étonnant, c'est le contraste qu'il y a entre le niveau national, une stratégie qui est au point, une réglementation qui s'est modifiée pour introduire de façon précise l'éducation sexuelle, incluant la lutte contre les IST, et puis la dilution de toutes ces intentions très louables au niveau local où on observe une activité qui est beaucoup moins importante que ce qu'elle devrait être au vu de toutes ces stratégies. Les Agences Régionales de Santé et les rectorats devraient être beaucoup plus actifs dans ce domaine."
- Il existe un vaccin contre le papillomavirus (HPV) pour prévenir les infections chez les filles et les garçons. En France, pourquoi aussi peu de jeunes se font-ils vacciner ?
Pr Patrick Yéni : "On est en retard. Une des recommandations du Conseil national du sida est de s'atteler à cette difficulté. À notre sens, cela passe par une revalorisation du rôle de l'école dans le domaine de la prévention. Quand j'étais enfant, l'école me vaccinait. Et je pense que ce n'était pas une erreur. L'école ne joue plus suffisamment son rôle de prévention. Les séances d'éducation à la sexualité sont codifiées par la loi mais, en pratique, elles ne sont effectuées correctement que dans 20% des établissements publics. De plus, les pays où l'observation vaccinale du vaccin HPV est correcte sont les pays où la vaccination se fait à l'école."