Sexualité : les vacances éveillent-elles le désir ?
Selon une idée répandue, largement entretenue par les magazines, été rime avec sexualité libérée, voire débridée. Ainsi, la sexualité, à l'image d'une nature qui bourgeonne, se réveillerait et reprendrait ses droits durant les vacances. Mais qu'en est-il vraiment ? Les explications avec Sophie Cadalen, psychanalyste.
L'été approchant et les tenues s'allégeant, l'idée répandue - et largement entretenue par les magazines - est que la sexualité, à l'image d'une nature qui bourgeonne, va se réveiller, reprendre ses droits, et secouer sa torpeur hivernale. Ainsi, fantasmes, désirs et jouissances devraient égayer nos vacances. Et même si nous savons que la sexualité des humains n'obéit pas à des "chaleurs" (comme les animaux), qu'elle n'est pas organisée en cycles réguliers, persiste la conviction que l'été est le temps des amours physiques.
Une séduction par le corps plus évidente
En été, la séduction par le corps est plus évidente. Le corps est plus exposé en cette saison. Les uniformes tombent, les tenues sont plus légères et plus décontractées, les peaux réclament la caresse du soleil (une caresse qui en suggère d'autres). Et surtout on a du temps. Mais généralement on arrive épuisé en vacances, ce qui n'incite pas forcément aux ébats les plus torrides.
En vacances, on se retrouve aussi en famille. Du coup, l'attention que réclament de jeunes enfants peut contraindre la vie sexuelle. Autre frein : durant cette période, on est souvent obligé à une certaine promiscuité, on n'a pas toujours tous les conforts, il peut faire trop chaud…
Ne pas se mettre la pression
Autant de données qui, concrètement, ne nous font pas si libres, d'emblée, à se débrider à peine les vacances commencées. Mais surtout, ce qui va contraindre l'épanouissement de nos désirs, comme ils sont convoqués et attendus d'avance (nous nous devons de "profiter", de jouir au maximum pour prétendre à de bonnes vacances, de ne pas laisser passer le coche), nombre de couples s'attendent ainsi au tournant. On espère (on exige !) de l'autre qu'il aura enfin du temps, et du désir pour soi, que l'on retrouvera une certaine intimité, et que d'ailleurs l'autre nous la doit (une conviction largement répandue, même si elle est inavouée).
Mais il n'y a rien qui contraigne autant les désirs que l'obligation qu'il y aurait d'en avoir, ou d'être tenu d'en faire montre. Le désir sexuel est rebelle à toute mode et lieu commun, ses règles et ses motivations sont changeantes. Une seule constante : il n'obéit pas aux ordres.
Laissez-vous surprendre
Vacances vient du latin vacare, qui veut dire "être sans". Et le véritable défi des vacances est justement d'être sans (trop) d'attentes, d'idées préconçues, sans objectifs à honorer, sans devoirs conjugaux - à l'image des devoirs de vacances - à remplir à tout prix. Pour que le désir vive et circule, il a besoin d'une certaine disponibilité, de suffisamment d'inconnu pour pouvoir nous surprendre. Et si les vacances nous servent surtout à nous reposer (sans culpabilité), à la rentrée nous seront peut-être plus enclins à des ébats torrides…
Un "torride" qu'il n'y a pas non plus de raison d'espérer à ce moment précis des vacances s'il n'existe pas le reste de l'année. De ces vacances, différents désirs - pas uniquement sexuels - peuvent surgir : celui de revoir des choses dans sa vie, son travail, dans ses priorités. Des questionnements qui ne nous rassurent pas toujours, et que l'on voudrait pouvoir bâillonner à coup de galipettes…
En savoir plus :
- Le blog du Dr Tourmente : L'été, la saison du désir ?