Erection difficile : la face cachée des maladies chroniques comme le diabète
La dysfonction érectile concerne 30% des hommes de plus de 40 ans. Plus du tiers souffre d'un diabète de type 2. D'autres maladies chroniques altèrent la sexualité masculine.
Un retentissement puissant sur le couple
"Vous avez l'impression que vous êtes diminué, que vous n'êtes plus un homme, raconte Didier. Je l'ai très mal vécu, nous l'avons très mal vécu..." Honte, tabou, sentiment d'échec... les troubles de l'érection restent des symptômes très difficiles à évoquer en consultation médicale. Ils devraient pourtant y trouver naturellement leur place puisqu’ils sont au moins une fois sur deux provoqués par une maladie chronique. Le diabète en est la première cause, mais les patients atteints de sclérose en plaques et les blessés médullaires par exemple sont aussi concernés.
"Il faut avoir conscience de l'impact émotionnel de la dysfonction érectile, commente le Dr Marie-Hélène Colson, sexologue. La qualité de vie est vraiment atteinte, avec plus d'anxiété et de dépression". Un sentiment de double peine n'est pas rare : cette atteinte de l’intimité s’ajoute à la gestion quotidienne des symptômes « classiques » de la maladie chronique.
L'érection étant encore assimilée à un signe majeur de virilité, les hommes souffrent terriblement de cette blessure qui finit parfois par interdire toute sexualité et toute manifestation de tendresse, de peur qu'elle ne débouche sur un rapport et sur une "panne"…
Quant aux partenaires, elles peuvent s'inquiéter, s'interroger sur le désir de leur partenaire, voire sur son amour. Le sujet étant difficile à aborder, les non-dits s'installent et mettent à mal l'harmonie conjugale. "On arrivait à un moment où on préférait ne plus rien faire, se souvient Rosy, et on s'enfermait dans un cercle vicieux où il y a eu beaucoup de larmes." Rosy peut en parler au passé car son mari, Jacques, bénéficie désormais d'un implant pénien. Mais de nombreux couples, confrontés à la dysfonction érectile, explosent faute d'une prise en charge adaptée.
Une prise en charge indispensable mais rare
Une prise en charge rare : elle ne concerne qu'un patient touché sur cinq, d'après le Dr Colson. "Les autres souffrent dans leur coin, alors qu'il existe désormais différents traitements ", constate avec regrets la sexologue. C'est donc aux médecins qui suivent les patients atteints de maladie chronique de poser la question naturellement. "Et quelle est la qualité de vos érections ?"
Chaque généraliste ou spécialiste n'est pas pour autant obligé de tout savoir sur les solutions actuelles mais il peut passer la main aux sexologues, médecins ou urologues. Ce sont eux qui prescriront différents examens et analyses comme le taux de cholestérol à la recherche d'un facteur de risque cardio-vasculaire ou celui de la testostérone pour un déficit androgénique lié à l'âge (connu sous le nom d'andropause)
En tête des stratégies disponibles aujourd'hui, se trouvent les médicaments comme le Viagra®, le Cialis® et le Lévitra® qui ont révolutionné la prise en charge ces vingt dernières années. Ils ont l'avantage d'être pris en comprimé et à la demande mais, ils ne sont pas toujours suffisants.
En cas d'échec, il est possible de recourir à des injections dans les corps caverneux, ces cylindres situés dans le pénis qui se remplissent de sang lors de l'érection et donnent sa rigidité à la verge. Il faut alors se piquer quinze minutes avant le rapport sexuel et elles peuvent provoquer des douleurs conséquentes... sans toujours entraîner les résultats attendus. Une autre alternative est le vacuum, une sorte de "pompe à érection", mais qui est toutefois peu discrète. En derniers recours, les urologues proposent un implant pénien…
Quand parle-t-on d'une dysfonction érectile ?
D'après le Dr Faix, urologue-andrologue, on parle de dysfonction érectile dès lors que l'on est en présence d'une incapacité persistante ou répétée d'obtenir ou de maintenir une érection suffisante pour permettre une activité sexuelle satisfaisante. "Objectivement, malgré le désir, la verge n'est pas assez rigide pour permettre la pénétration au cours du rapport sexuel", rajoute-t-il. Ce trouble doit durer depuis plus de trois mois et être associé à une souffrance et à un fort retentissement psychologique.