Priapisme : une érection involontaire et prolongée qui doit alerter
Le priapisme, une érection prolongée involontaire, reste un motif de consultation rare aux Urgences, selon une récente étude américaine. Un phénomène qu'il ne faut pas négliger pour autant car il s'agit d'une véritable urgence urologique, pouvant évoluer, dans les cas les plus graves, vers une dysfonction érectile définitive.
Une étude américaine, réalisée dans 1.000 centres d'urgences, entre 2006 et 2009 a estimé à 32.462 le nombre d'hommes qui consultent aux Urgences chaque année pour priapisme, soit une incidence de 5,3 pour 100.000 hommes par an. En France, l'incidence est moindre, mais elle tend à augmenter au fil des années. Et même si cette incidence reste faible, il est important de rappeler qu'un retard de prise en charge peut exposer le patient à une impuissance irréversible.
Erection prolongée sans stimulation sexuelle
La verge est constituée par les corps érectiles : le gland, le corps spongieux et les corps caverneux. Lors d'une érection, les corps érectiles se remplissent de sang entraînant le gonflement du pénis. Pendant ce phénomène physiologique, il existe un état d'équilibre entre l'arrivée de sang artériel et le drainage veineux. Le priapisme est une perturbation de cet équilibre, qui empêche l'évacuation du sang. Les corps érectiles restent durs, tumescents et provoquent une érection prolongée en dehors de tout stimulus sexuel.
Des causes très variées
Différentes causes peuvent être à l'origine de cette érection involontaire et prolongée. Il faut distinguer les priapismes à bas débit, conséquence d'une anomalie du retour veineux, des priapismes à haut débit, associés à une augmentation du flux artériel.
Les principales causes du priapisme à bas débit sont les hémopathies (maladies du sang) dont la drépanocytose, les injections intra-caverneuses de substances visant à traiter l'impuissance, la prise de certains médicaments (antidépresseurs, neuroleptiques, corticoïdes, alpha bloquants, certains anti-hypertenseurs, l'héparine), la consommation de cocaïne et de marijuana. Le priapisme à haut débit, souvent lié à un traumatisme du périnée, peut être pris en charge de façon différée.
Consulter en urgence dans les 4 heures
Le priapisme à bas débit, souvent douloureux, est une véritable urgence et doit être pris en charge dans les quatres heures, au risque de voir apparaître des lésions irréversibles des corps caverneux, évoluant vers une impuissance définitive.
Dans tous les cas, une consultation en urgence s'impose pour effectuer une analyse gazométrique du sang caverneux, examen incontournable permettant de trancher entre les causes veineuses urgentes et les causes artérielles.
Priapisme : quelle prise en charge ?
Le traitement du priapisme dépendra bien évidemment de la cause et du délai de consultation. Il est nécessaire de faire un bilan en urgence pour rechercher la cause, sauf si celle-ci est évidente. En plus du traitement causal, d'autres moyens simples peuvent aider à la régression voire la résolution du priapisme : injection d'un médicament, l'étiléphril, dans les corps caverneux ou ponction si le priapisme a plus de 3 heures. Exceptionnellement, il est nécessaire d'avoir recours à la chirurgie en cas d'échec des traitements médicaux.
Le meilleur traitement reste la prévention, notamment en prenant conscience des risques de priapisme, secondaire à la prise de certains médicaments (cités plus haut). De la même manière, les patients ayant des maladies chroniques pouvant entraîner un priapisme comme la drépanocytose, doivent être informés de ce risque et de la nécessité de consulter en urgence.
Source: Incidence of Priapism in Emergency Departments in the United States. Roghman F et coll. J Urol., 2013; 190: 1275-1280.
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L'étymologie du mot priapisme, tient son origine à la mythologie grecque. Priape, le dieu de la fertilité à comme particularité d'avoir un gigantesque phallus en perpétuelle érection.