Smecta, Voltarène, Toplexil… Ces médicaments que vous ne devez plus utiliser en 2024

Ils sont "plus dangereux qu'utiles". La revue indépendante Prescrire a publié cette semaine sa liste annuelle des médicaments à éviter pour mieux se soigner. Au total, 105 médicaments, dont 88 commercialisés en France, ont "une balance bénéfices-risques défavorable", pointe du doigt la revue. Parmi eux, des médicaments bien connus comme le Smecta, le Voltarène, le Maxilase, le Vogalène, ou encore le Toplexil.

Selon Prescrire, "l’efficacité clinique" de ces médicaments "n’est pas démontrée". Dans certains cas, ils peuvent même causer des effets indésirables graves. Des alternatives plus efficaces et moins dangereuses existent pourtant.

Quels sont les médicaments à éviter ?

Parmi cette liste, des médicaments bien connus des Français comme le Smecta, le Voltarène, le Maxilase, le Vogalène ou encore le Toplexil. Si la plupart d'entre eux étaient déjà présents sur la liste publiée en 2022, un nouveau traitement est de retour  sur la liste noire de Prescrire : le tériflunomide.

Cet immunodépresseur utilisé dans le traitement de la sclérose en plaques avait été retiré du Bilan des médicaments à écarter l'année précédente, afin d'évaluer sa balance bénéfices-risques pour les enfants de plus de 10 ans. L'analyse des données recueillies par Prescrire indique que cette balance est également défavorable chez l'enfant.

Quels sont les médicaments retirés de la liste ?

Trois médicaments ont également été retirés de la liste de la revue Prescrire par rapport à celle publiée en 2022 :

• La fenfluramine, un amphétaminique dont la balance bénéfices-risques a été réévaluée par la revue Prescrire, notamment pour le traitement du syndrome de Lennox-Gastaut chez les enfants. Ce médicament reste à écarter en ajout à un traitement antiépileptique dans le syndrome de Dravet, une forme rare et grave d'épilepsie infantile
• La pholcodine, un opioïde autorisé dans le traitement de la toux, car il n'est plus commercialisé en France et en Belgique ;
• Le tixocortol en pulvérisation buccale, un corticoïde utilisé contre les maux de gorge, également retiré de la liste après la fin de sa commercialisation en France et en Belgique.

Pourquoi le Smecta est-il déconseillé ?

Le Smecta, disponible en vente libre et omniprésent dans nos armoires à pharmacie, est un médicament à base d'argile utilisé pour traiter les troubles digestifs, comme les diarrhées ou les brûlures d'estomac. Mais il contient un taux anormalement élevé de plomb, pour des bénéfices trop peu importants. 

En 2019, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) recommandait de ne pas utiliser ce médicament chez les enfants de moins de deux ans, pour éviter tout risque d'intoxication au plomb. "Le plomb a des effets toxiques neurologiques, hématologiques, rénaux et cardiovasculaires, et des effets reprotoxiques, dont la plupart augmentent avec la dose d’exposition", indique la revue. 

Pourquoi le Voltarène est-il déconseillé ?

Autre médicament star pointé du doigt : le Diclofénac par voie orale, aussi appelé Voltarène. Selon le bilan de Prescrire, ce traitement expose "à un surcroît d'effets indésirables cardiovasculaires (dont infarctus du myocarde, insuffisances cardiaques) et de morts d'origine cardiovasculaire par rapport à d'autres anti-inflammatoires non stéroïdiens aussi efficaces".

Utilisé en comprimés, le médicament est limité aux poussées aiguës de plusieurs affections rhumatologiques, comme l'arthrose, les rhumatismes touchant les articulations et les tendons, ou la goutte par exemple. Le Diclofénac ne doit être pris que sous recommandation attentive d'un médecin, auquel il est nécessaire de signaler tout événement cardiovasculaire, même guéri.

Quels sont les autres médicaments déconseillés ?

Déjà signalés par l'ANSM en octobre dernier, les traitements utilisés contre le rhume, sont également sur la liste noire de la revue Prescrire. Ces "vasoconstricteurs" exposent à des troubles cardiovasculaires qui peuvent être "graves voire mortels", selon la revue.

Des médicaments par voie orale comme Actifed rhume, Nurofen ou encore Rhinadvil sont notamment ciblés. Tout comme les sirops pour la toux tels que le Toplexil ou le Maxilase, qui sont eux aussi "plus dangereux qu'utiles", alerte la revue. Le Maxilase est, lui, jugé "sans efficacité démontrée au-delà de celle d’un placebo".

Faut-il interdire ces médicaments ?

"Le premier élément, c'est l'analyse de l'efficacité médicale, après on fait la balance bénéfices-risques", a jugé le ministre de la Santé Aurélien Rousseau sur BFM TV ce jeudi 14 décembre. "Je me plie à toutes les instructions que donnera l'Agence de sécurité du médicament (ANSM), ma seule ligne c'est la science", a-t-il ajouté. 

S'il estime que désormais "nos concitoyens savent et comprennent que les produits antirhume censés tout bloquer, ce n'est pas si évident que ça", le ministre de la Santé a aussi insisté sur la prudence nécessaire car "aucun médicament n'est un morceau de sucre".