"Tout le monde peut être touché" : les punaises de lit ont infesté plus d’un foyer sur dix
Contrairement à une idée reçue, la présence de punaises de lit chez soi ne traduit pas un manque de propreté. Tout le monde peut être victime d’une infestation à son domicile.
Des insectes minuscules, de 4 à 7 mm environ, qui représentent un fardeau, sanitaire et économique, de plus en plus lourd en France. Les punaises de lit, réapparues depuis les années 1990, ont infesté plus d'un foyer sur dix sur le territoire français ces dernières années, alerte l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) dans un rapport publié ce 19 juillet.
Ces petits insectes de la taille d’un pépin de pomme se nourrissent la nuit, principalement de sang humain, et se cachent le plus souvent dans les matelas et les sommiers. Après leur repas, les femelles fécondées pondent, tout au long de leur vie d'adulte, environ cinq œufs par jour dans un endroit abrité de la lumière.
866 euros de budget en moyenne par foyer
Entre 2017 et 2022, 11% des ménages français auraient été infestés, selon un sondage Ipsos réalisé en juillet dernier pour un groupe de travail mis en place par l’Anses. Dans son nouveau rapport de près de 300 pages, l’agence sanitaire livre pour la première fois des données sur l'impact sanitaire mais aussi socio-économique de ces nuisibles.
"C'est un phénomène totalement indépendant du milieu social", insiste auprès de l'AFP Karine Fiore, adjointe à la direction des sciences sociales, économiques et sociétales à l’Anses.
En revanche, le niveau de revenu est un facteur de persistance de l'infestation car la lutte peut s’avérer très coûteuse: 866 euros en moyenne par foyer. Un budget alloué à diverses mesures de lutte, comme le nettoyage du foyer ou le traitement des nuisibles.
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Des victimes stigmatisées
Au-delà du coût de la lutte, les victimes ont parfois peur d'être stigmatisées. Cela peut les empêcher d’en parler et de mettre en place des actions rapides pour éviter la dispersion des punaises, souligne l'Anses.
Pour y remédier, l'agence sanitaire plaide pour la mise en place d'un mécanisme de déclaration obligatoire et l'accompagnement des particuliers par une prise en charge financière, principalement pour les ménages à faibles ressources.
Pour les seuls ménages français, le coût de la lutte contre les punaises de lit s'élève à 1,4 milliard d’euros entre 2017 et 2022, précise l’Anses. Soit 230 millions d’euros par an en moyenne.
Des conséquences physiques et psychologiques
Quant au coût sanitaire, il a représenté en 2019, 83 millions d’euros pour les Français, dont 79 millions d’euros associés à une baisse de la qualité de vie, aux troubles du sommeil et aux impacts sur la santé mentale. Un million d'euros est lié aux arrêts de travail causés par les punaises de lit et trois millions d’euros environ au titre des soins physiques.
Les lésions cutanées sont les manifestations les plus fréquentes consécutives aux piqûres, mais l'infestation par les punaises de lit peut en effet entraîner différentes conséquences psychologiques voire psychiatriques (troubles du sommeil, anxiété, sentiment de panique, etc...), souligne le rapport.
Comment lutter contre contre les punaises de lit ?
En matière de lutte, l’Anses recommande de privilégier les méthodes non chimiques, comme le traitement par la chaleur sèche ou la congélation, et de faire appel à des professionnels de la désinsectisation en cas de persistance de l’infestation.
"Toute politique visant à faire cesser la prolifération de l’infestation en France, aussi coûteuse soit-elle, doit être jugée à l’aune des bénéfices qui pourront en être retirés à terme", estime l'Anses. "Tout le monde peut être touché, il faut donc accompagner les foyers français pour se prémunir et lutter contre les punaises de lit", juge Karine Fiore.
