Tout savoir sur le métier d'orthophoniste
Retard du langage, défauts de prononciation mais aussi difficultés d’écriture, de calcul ou encore troubles neurologiques... toutes ces situations requièrent l'intervention d'un orthophoniste.
Tifany Poussy, 28 ans, est orthophoniste aux hôpitaux de Saint-Maurice. L'exercice étonnant qui mobilise la langue de Redouane, son patient, est au cœur de la stratégie de rééducation qu'elle a mise au point.
Il lutte depuis trois mois contre les séquelles d’un abcès cérébral. Il doit retrouver toute sa mobilité du côté droit, y compris celle de sa langue.
Stimuler la mobilité de la langue
"La langue est essentielle pour former tous les sons de la parole donc si la langue n’est pas suffisamment musclée, elle ne va pas pouvoir aller bien se positionner pour produire tous les sons", explique Tifany.
Redouane doit aussi récupérer la maîtrise naturelle de sa respiration pendant qu’il parle.
"Je croyais que ça reviendrait rapidement et facilement, mais ce n’est pas le cas, parce qu'il faut que le cerveau se reconnecte avec les différents nerfs, pour faire les choses comme avant, d'une façon automatique", confie Redouane, 46 ans.
"Si on gagne en bien-être, on a réussi notre pari"
"L'objectif pour nous, est vraiment de leur permettre de gagner en qualité de vie, d'être capable de s'exprimer avec leurs moyens. Parfois, on n'arrive pas à revenir comme avant parce que ce n'est pas toujours l'objectif atteignable. Si déjà, on gagne en bien-être, si on gagne en capacité à rester en interaction avec les autres, nous, on a réussi notre pari", commente Tifany Poussy.
Ce rôle crucial des orthophonistes dans la restauration de la communication est ce qui a conduit Tifany à s’engager dans les cinq années de formation après le bac. Pour un salaire de départ à l’hôpital autour de 1 900 euros brut. Plus précisément Tifany a choisi d’y exercer dans un service de neurologie.
"Les orthophonistes ont un champ d'action qui est très large dans toutes les pathologies neurologiques, les AVC, les accidents vasculaires cérébraux, vous avez la sclérose en plaques, vous avez le traumatisme crânien, les accidents de la voie publique qui vont toucher le cerveau. L’orthophoniste a vraiment chez nous un rôle primordial", explique la Dre Louisa Merkal, médecin rééducateur aux hôpitaux de Saint-Maurice.
Une rééducation pour chaque patient
Il y a surtout une rééducation adaptée à chaque patient pour stimuler les circuits du cerveau abîmé.
"La rééducation est vraiment comme un entraînement sportif. Il va falloir refaire et refaire le même mouvement pour réentraîner le cerveau et favoriser la plasticité cérébrale, donc c’est vraiment un entraînement de longue haleine", conclut Tifany Poussy.
Dans ce service, Tifany apprécie de voir progresser ses patients grâce à des séances quotidiennes.