À 16 ans, elle sauve six vies en faisant don de ses organes
Après un accident de cheval, Alice, 16 ans, sombre dans un coma dont elle ne se réveillera pas. Ses parents décident alors de faire don de ses organes. Un don qui sauvera six vies et les aidera à ne pas s'effondrer pendant cette terrible épreuve qu'est la mort d'un enfant.
C’était un 27 septembre. Florence n’oubliera jamais l’appel qu’elle a reçu ce jour-là. "Madame Bouté, votre fille a reçu un coup de pied de cheval dans la tête. Son état est stabilisé, mais son pronostic vital est engagé."
Sa fille, Alice, avait 16 ans. Elle suivait un CAP de palefrenier dans un haras. L’accident lui a provoqué de multiples fractures au crâne, un oedème et d’importants hématomes dans son cerveau. Alice est opérée d’urgence à l’hôpital Necker, à Paris.
"Parler du don pour ne pas m'effondrer"
lorence le sait alors, la vie d’Alice peut s’arrêter à tout moment. Dans la salle d’attente, avec son mari, ils prennent une décision : si Alice ne revient pas en vie, ils feront alors don de ses organes. "Il m’était impossible d’imaginer la mort de mon enfant, il fallait que je me concentre sur la vie, celles qui peuvent encore être sauvées. Parler du don d’organes m’a permis de ne pas m’effondrer" confie Florence.
L’opération est un succès, mais au fil des jours l’état d’Alice se dégrade et le verdict des médecins tombe : "Votre fille ne se réveillera pas de son coma." Pour Florence et sa famille, c’est le choc. La jeune adolescente part de nouveau au bloc, cette fois-ci, pour donner ses organes.
Une mort, six vies
Quelques jours plus tard, les deux parents sont reçus par un infirmier coordinateur du don d’organes. "Grâce à votre accord de prélèvement, six personnes ont reçu les organes d’Alice. Elles sont déjà sorties de réanimation et elles vont bien" leur annonce-t-il.
Le don d’organes est anonyme, gratuit et répond au principe du consentement présumé. Dans le cas d’Alice, comme elle était mineure, la décision revient aux deux parents, ou aux tuteurs.
Pour les personnes majeures, la loi indique que nous sommes tous présumés donneurs, sauf si nous exprimons de notre vivant notre refus de donner. Soit en laissant une trace écrite, soit en en parlant à ses proches ou en s’inscrivant au registre national des refus. C’est gratuit et chacun peut à tout moment changer d’avis.
10 000 patients en attente d'une greffe
Après chaque décès, l’équipe médicale vérifie si la personne est inscrite au registre national des refus au prélèvement d’organes. Si ce n’est pas le cas, elle demande aux proches les volontés, et la décision de la personne décédée.
Si elle n’a jamais abordé le sujet, l’Agence de la biomédecine estime qu’un prélèvement sur trois est empêché. Par prudence, et dans le doute, les proches optent en effet le plus souvent pour une opposition. En 2022, en France, le don d’organes a sauvé 5 314 personnes mais plus de 10 000 patients restent en attente d’une greffe, tous organes confondus.