Automates chirurgicaux : quels bénéfices ?
Introduits sur le marché il y a une dizaine d'année, les automates chirurgicaux gagnent peu à peu en popularité. Dans des centaines d'hôpitaux de par le monde, un nombre toujours croissant d'opérations sont réalisées par de longs bras mécaniques reliés à des consoles pilotées par des médecins. Destinés à simplifier et à sécuriser le geste chirurgical, ces outils essuient aujourd'hui de nombreuses critiques. Aux Etats-Unis, plusieurs procès ont également été initiés contre Intuitive Surgical, leader du marché de la robotique médicale.
Ablation de la prostate, de la thyroïde ou de l'utérus, opération de tumeurs, resynchronisation cardiaque, greffe du pancréas… toutes ces interventions chirurgicales peuvent aujourd'hui être effectuées par l'intermédiaire d'un robot médical. Selon plusieurs estimations, le nombre de procédures sollicitant de telles machines est en très rapide augmentation à l'échelle mondiale (450.000 en 2012 contre 360.000 en 2011).
Le parc hospitalier français utilise aujourd'hui plus d'une quarantaine de robots Da Vinci, essentiellement pour des opérations de gynécologie et d'urologie. Une ablation de la prostate sur cinq est désormais effectuée en France par l'intermédiaire de cette machine conçue par la société Intuitive Surgical. Moins invasive qu'une chirurgie classique, une intervention sous Da Vinci est également plus confortable pour le médecin et théoriquement plus précise - les éventuels tremblements d'un praticien n'étant pas reproduits par le système mécanique.
Au terme d'une décennie d'utilisation, plusieurs publications dressent cette année le bilan de cette technologie, démontrant que les progrès à réaliser en matière de robotique médicale sont encore nombreux. Pour les types d'opérations les plus pratiquées, les bénéfices pour les patients semblent même nuls. Une étude publiée début février dans le Journal of the American Medical Association relevait ainsi que "les hystérectomies classiques et celles assistées par robotique sont associées à la même morbidité, l'emploi de la technologie robotique impliquant des coûts substantiellement supérieurs". Une telle opération est en effet, en moyenne, 33% plus chère lorsqu'elle est réalisée avec l'assistance de cette technologie de pointe. Les mêmes travaux démontrent que l'utilisation de la robotique implique un processus opératoire beaucoup plus long.
Par ailleurs, l'utilisation des automates médicaux n'exclut pas entièrement les accidents. En 2007, une opération de la prostate réalisée dans un hôpital belge a ainsi du être interrompue lorsque le bras d'un automate s'est rompu à l'intérieur du corps du patient. L'incision initiale a dû être élargie afin d'extraire l'instrument.
Si cet accident est resté isolé, de nombreux patients ont récemment attaqué la société Intuitive Surgical en justice pour des affections qu'ils estiment directement associées à l'utilisation du matériel Da Vinci : affections rénales, lésions cérébrales, incontinence permanente, lésions rectales. Une dizaine de procédures judiciaires sont en cours aux Etats-Unis.
Proportionnellement au nombre d'opérations effectuées par l'intermédiaire d'automates, celui des complications déclarées aux autorités sanitaires reste aujourd'hui très faible. En janvier 2013, la Food and Drug Administration (FDA) a transmis aux principaux hôpitaux des Etats-Unis des formulaires destinés à recenser avec précision les éventuels problèmes associés à l'utilisation des robots de la compagnie Intuitive Surgical.
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