Enfants : trop d'écrans, moins d'intelligence ?
A l'occasion de la Journée internationale des droits de l'enfant, le 20 novembre, Marie Derain, la Défenseure des enfants auprès du Défenseur des droits, remet au président de la République un rapport sur l'utilisation des écrans par les enfants. Un rapport qui met en lumière les risques liés aux écrans et en demande une meilleure régulation.
Smartphones, tablettes numériques, ordinateurs, jeux vidéos, télévision… Les écrans se multiplient dans l'environnement immédiat des enfants et des adolescents. Des systèmes de plus en plus intuitifs, à la portée des plus jeunes enfants, qui passent de plus en plus de temps à les utiliser.
Les enfants de plus en plus devant leurs écrans
Selon Médiamétrie, en 2011, les enfants de 4 à 14 ans ont passé en moyenne 2h18 par jour devant la télévision, contre 3h47 pour l'ensemble de la population. Et chaque année, les chiffres augmentent.
Un temps qui se cumulent à celui des autres écrans : d'après les résultats pour la France de l'enquête européenne EU Kids de janvier 2012, les Français de 9-16 ans passent en moyenne deux heures par jour sur Internet.
Les adolescents placent en tête des choses dont ils auraient du mal à se passer les réseaux sociaux (64% contre 25% en moyenne) et les films et vidéos (41% contre 11%). 92% des 15-17 ans, 80% des 13-15 ans et 64% des 11-13 ans déclarent posséder un profil sur Facebook.
Face à cette consommation, les adultes ont peu de moyens de contrôle, selon le rapport. Le contrôle parental sur les ordinateurs, au delà de l'âge de 8-10 ans, est "peu utilisé, lourd, imprécis", et "la navigation internet sur les tablettes, les smartphones et via le wifi, échappe à tout contrôle".
Les très jeunes enfants, également très consommateurs d'écrans, seraient un public "particulièrement vulnérable".
L'impact de l'utilisation des écrans sur le cerveau
D'après certains neurologues, l'utilisation des écrans ne feraient pas fonctionner les mêmes zones du cerveau que d'autres activités, comme la lecture ou les jeux de construction.
D'après Marie Derain, interrogée par Le Figaro, "certaines études relèvent que les enfants passent à la station debout plus tardivement car ils passent davantage de temps assis devant les écrans, que la préhension serait acquise plus tardivement (…). Des psychologues pointent des problèmes de sommeil ou de déficit de l'attention. Mais il est très difficile aujourd'hui de s’avancer sur le sujet".
Le psychiatre et psychanalyste Serge Tisseron, spécialiste des écrans et des enfants, met cependant en garde contre une diabolisation des écrans :
"Lorsqu'un enfant n'est pas introduit correctement aux écrans, il peut y avoir des préjudices. Donc tout est dans la manière d'utiliser les écrans. Lorsqu'ils sont introduits trop ou trop massivement, alors il peut y avoir des préjudices. (…) La culture de l'écran est une culture de l'invention, de l’innovation, de l'improvisation, de l'éphémère - certes - mais aussi de la spatialisation des connaissance...
"C'est une formidable opportunité pour penser mieux, plus vite et autrement. Mais elle arrive trop vite et on ne sait pas encore trop l'utiliser. Il faut distinguer ce qui relève des inconvénients des écrans, des mésusages des écrans".
En tout cas, Serge Tisseron, comme la Défenseure des droits de l'enfant sont d'accord sur quelques propositions. Notamment celle de prévoir une formation effective aux technologies de l'information et de la communication des principaux acteurs intervenant auprès des enfants (professeurs, éducateurs...).
Tous deux préconisent également de ne pas laisser des enfants seuls avec une tablette numérique avant l'âge de trois ans.
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Sur Allodocteurs.fr :
Et aussi :
- Le Défenseur des droits
La Défense des droits des enfants. - Serge Tisseron.com
Le blog de Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste, directeur de Recherches à l'Université Paris Ouest Nanterre, et auteur d'une quarantaine d'ouvrages.