Furosémide : l'arrêt du traitement à l'origine d'un œdème pulmonaire ?
Une enquête a été ouverte samedi soir après le décès d'un patient marseillais de 91 ans traité sous Furosémide, un diurétique du laboratoire Teva. Il y aurait eu une erreur sur la chaîne de production et c'est un somnifère qui aurait été conditionné à la place du diurétique. D'après les premières sources médicales, la mort du nonagénaire pourrait être liée à l'interruption de la prise de son traitement. Trois questions à François Chast, professeur de pharmacologie, chef du service Pharmacologie-toxicologie de l'Hôtel-Dieu (Paris).
- La non-prise du diurétique durant plusieurs jours par le nonagénaire marseillais, du fait de l'erreur de conditionnement du médicament, peut-elle avoir entraîné son décès ?
François Chast, professeur de pharmacologie : "Manifestement, ce patient était insuffisant cardiaque. Dans cette pathologie, le cœur ne parvient plus à remplir correctement sa fonction de pompe et les tissus périphériques ne reçoivent plus suffisamment de sang et d'oxygène. L'eau reflue vers les poumons, dans lesquels les échanges gazeux deviennent alors impossibles. Cela provoque un œdème pulmonaire : le patient ressent notamment des essoufflements et meurt par asphyxie, en quelque sorte noyé.
"Le diurétique (Furosémide) agit sur le rein pour faciliter l'évacuation de l'excès de sodium (sel) et d'eau. En aidant le patient à uriner davantage, on va faire baisser la quantité d'eau dans l'organisme et éviter un œdème pulmonaire.
"Quand un malade qui présente des signes d'œdème est privé de son diurétique, il meurt progressivement (entre plusieurs jours et une semaine). Donc manifestement ce patient allait de moins en moins bien chaque jour qui passait."
- Avait-on moyen de se rendre compte avant que ce patient présentait des signes d'œdème pulmonaire ?
François Chast : "L'œdème pulmonaire n'arrive pas instantanément, c'est un processus qui peut durer plusieurs jours, voire une semaine. En Ille-et-Vilaine, un problème du même ordre a semble-t-il été évité parce que le patient s'est plaint de problèmes de somnolence après la prise de ce médicament. Ainsi, le pharmacien a ouvert le blister et constaté qu'il y avait des comprimés différents. Peut-être le patient décédé n'était-il pas en état d'aller à nouveau chez le pharmacien. On peut penser qu'il y a pour ce patient une accumulation de malchance qui a conduit à une perte de chance de survie."
- Est-ce qu'il y aurait pu avoir des facteurs aggravants autres que l'arrêt du traitement ?
François Chast : "Ce patient avait plus de 90 ans, il était malade et fragilisé. Il n'a pas reçu son diurétique pendant plusieurs jours, mais il aurait vraisemblablement reçu à la place un somnifère. Non seulement il était privé de son diurétique, ce qui a pu aboutir à un oedème du poumon, mais en plus sa respiration et son attention étaient affectées par le somnifère. Dans ces circonstances, il était sans doute difficile de réagir."
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