Succès pour la première transplantation partielle d'un coeur chez un nouveau-né
Un an après la transplantation, les médecins se réjouissent de la bonne santé du jeune Owen Monroe. Désormais âgé de 21 mois, le jeune garçon grandit normalement.
Il s'appelle Owen Monroe. C'est un petit Américain, né le 5 avril 2022, qui, avant même de venir au monde, inquiétait déjà les médecins et sa famille. En effet, alors qu’il est encore dans le ventre de sa mère, les médecins lui découvert une malformation cardiaque congénitale : le truncus arteriosus.
Qu'est-ce que le truncus arteriosus ?
Les nouveaux-nés touchés par cette maladie rare n'ont pas de d'artère pulmonaire et d'aorte séparées au niveau du coeur. En lieu et place de ces deux vaisseaux cruciaux pour le bon fonctionnement du système cardiaque, le truncus arteriosus provoque une fusion des deux vaisseaux en un seul. Le sang pauvre en oxygène va donc se mélanger avec celui riche en oxygène distribué par les valves. L'organisme va alors être moins oxygéné, ce qui peut entraîner une insuffisance cardiaque.
En plus du truncus arteriosus, Owen Monroe souffrait également d'une autre malformation au niveau des valves cardiaques. Au lieu d’être propulsé, le sang reflux et donc, le cœur ne peut pas assurer sa fonction de pompe correctement. Il avait donc impérativement besoin d'un nouveau coeur. Et vite.
La première idée des médecins consistait en une transplantation cardiaque. Problème : il fallait compter six mois avant de pouvoir trouver un nouveau coeur. Un délai que l'état de santé du jeune Owen ne permettait pas de respecter. Deuxième option, vite laissée de côté elle aussi : une greffe de tissus à partir de donneurs décédés. Il aurait alors fallu réopérer régulièrement au fil de sa croissance pour changer ses valves.
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Comment se déroule une transplantation partielle de coeur ?
L'équipe médicale mise donc sur une troisième option : une transplantation partielle de coeur. Une opération encore jamais réalisée dans le monde qui consiste à simplement transplanter une unique valve et des artères. "La différence avec une transplantation cardiaque normale, c'est qu'on ne transplante qu'une valve dans le coeur, on ne greffe pas le muscle du coeur", explique le Dr Joseph Turek, chef du service de chirurgie cardiaque pédiatrique au Duke University Hospital (États-Unis), chargé de l'opération du jeune Owen Monroe, et dont les résultats ont été publiés dans la revue JAMA.
"Or, ce qui pose problème dans dans une transplantation cardiaque est toujours le muscle. Donc si vous implantez uniquement la valve, elle va grandir avec l'enfant, et il est probable qu'il ne soit pas nécessaire de réopérer cet enfant." Les parents d'Owen ont donc fait confiance au Dr Turek et à son équipe. Du haut de ses 17 jours seulement, le nouveau-né a donc pu être opéré. Une opération qui s'est déroulée en 2022 et a duré huit heures.
Douze opérations similaires depuis un an
Owen a ensuite été placé sous haute surveillance en pédiatrie pendant huit mois, avant que ses parents ne puissent le ramener chez eux. Owen se porte désormais comme un charme et ses parents le voient grandir comme tous les enfants de son âge. "Aujourd'hui, Owen mène une vie tout ce qu'il y a de plus normale et n'aura probablement pas besoin de subir une nouvelle opération", tient à rassurer le Dr Turek. "Il grandit normalement, se comporte normalement et sa valve grandit parfaitement avec lui. C'est vraiment un miracle." Depuis, douze autres enfants ont pu bénéficier d'une opération similaire dans le monde.