Insuffisance cardiaque : le coeur à bout de souffle
De plus en plus de patients au coeur fatigué portent un stimulateur cardiaque, plus connu sous le nom de pacemaker. Traitements médicamenteux, opérations de moins en moins traumatisantes et rééducation cardiaque peuvent aussi compenser une insuffisance cardiaque.
Comment fonctionne le coeur ?
En France, 1 million de Français souffrent d'insuffisance cardiaque : les personnes âgées, mais aussi les femmes enceintes ou encore les enfants. Cela signifie que leur coeur n'est plus capable d'assurer un débit sanguin suffisant pour satisfaire les besoins de l'organisme. Forte fatigue, essoufflement, oedèmes... Ces symptômes sont souvent liés à l'insuffisance cardiaque. 70.000 personnes en décèdent chaque année en France (source : Fondation médicale de France).
Le coeur est composé de quatre cavités, couplées deux par deux, qui forment le coeur droit et le coeur gauche. Le sang veineux, appauvri en oxygène, qui revient des organes qu'il a nourris, arrive à l'oreillette droite par la veine cave. De l'oreillette droite, le sang passe dans le ventricule droit. Puis il rejoint les poumons, où il élimine le dioxyde de carbone et "fait le plein" en oxygène. Le sang oxygéné revient dans l'oreillette gauche, passe dans le ventricule gauche d'où il est éjecté par l'aorte pour aller nourrir tous les organes et tissus du corps. Le cycle peut recommencer... En moyenne, le coeur bat 60 à 100 fois par minute, de manière régulière.
Pour battre et propulser le sang, le coeur doit se contracter. Et il peut se contracter parce que c'est avant tout un muscle. Quand il perd de sa force musculaire et n'est plus capable d'assurer un débit sanguin suffisant pour satisfaire les besoins de l'organisme, on parle d'insuffisance cardiaque (ou de défaillance cardiaque). Dans un premier temps, le coeur essaie de s'adapter en accélérant ses battements, puis il augmente de volume. Ce surcroît de travail pour le coeur finit par aggraver le problème. L'insuffisance cardiéque peut être gauche ou droite, aigue ou chronique.
Symptômes et causes :
Le symptôme majeur est l'essoufflement ou une difficulté à reprendre son souffle, appelés aussi dyspnée. Des oedèmes, une prise de poids, une grande fatigue, une toux notamment allongée peuvent être associées.
Les causes de l'insuffisance cardiaque sont variées : infarctus du myocarde, endocardite, maladies des artères coronaires, hypertension artérielle, rétrécissement de la valve aortique, hyperthyroïdie, sarcoïdose, etc.
Insuffisance cardiaque : le diagnostic
Si l'électrocardiogramme reste indispensable pour suivre le rythme cardiaque, l'échocardiographie Doppler permet aujourd’hui d'examiner extrêmement précisément l'état des différentes parties du coeur. L'examen clinique révèle également des éléments, à l'ausculatation pulmonaire, l'examen des jambes pour les oedèmes, etc. Une prise de sang fait également partie des examens complémentaires, à la recherche de marqueurs biologiques de l'insuffisance cardiaque (BNP et NT- proBNP). Cette prise de sang est intéressante aussi bien pour le diagnostic que le suivi et le pronostic.
Une IRM cardiaque, une coronarographie, un test d'effort peuvent compléter le bilan.
Traitement et pacemaker
La prise en charge repose sur le traitement de la cause, quand il est possible, la prise de médicaments pour favoriser le fonctionnement du coeur, une bonne hygiène de vie (perte de poids si surpoids, régime où l'on ne resale pas et pauvre en aliments très salés, pratique d'une activité physique adaptée, arrêt du tabac et de l'alcool).
Le pacemaker ou défibrillateur
Parfois, le coeur a des difficultés à assurer ses fonctions de contraction et de relâchement. Méconnue, l'assistance circulatoire mécanique permet d'aider le coeur dans son travail et grâce à la miniaturisation, il est possible pour le patient de rentrer chez lui et de reprendre une vie proche de la normale. il y a trois indications principales : en attente d'une greffe, en attendant une récupération suite à une myocardite par exemple, lorsque la transplantation serait nécessaire mais est contre-indiquée.
Plus fréquemment, lorsque les médicaments ne suffisent pas à soulager les symptômes et pour éviter tout risque d'accident cardiaque, le patient peut se voir proposer la pose d'un pacemaker-défibrillateur. L'intervention se fait sous anesthésie locale.
Pour rétablir l'activité cardiaque du coeur, le chirurgien place trois sondes : une dans l'oreillette droite, la seconde dans le ventricule droit, et la troisième dans le ventricule gauche. Une fois que les sondes sont installées et contrôlées, il ne reste plus qu'à paramétrer l'intensité électrique des sondes et de les raccorder au pacemaker.
Le patient doit revenir un mois après l'intervention pour une visite de contrôle. Chaque année en France, 60.000 patients environ reçoivent un défibrillateur.
Les bénéfices de la réadaptation cardiaque
Il ne faut pas croire que le pacemaker fait tout et qu'il "guérit" les personnes insuffisantes cardiaques. Les patients doivent composer avec la maladie au quotidien et apprendre à gérer leurs efforts.
Quand on souffre d'insuffisance cardiaque, une réadaptation est parfois proposée. Elle permet de remuscler le coeur, de mieux connaître la maladie et de retrouver confiance en soi.
L'objectif des séances de réadaptation cardiaque est de ré-entraîner les patients à une activité physique adaptée, mais pas seulement. La prise en charge est globale. Et aux conseils nutritionnels et cours de sport, s'ajoutent aussi une éducation thérapeutique et une prise en charge psychologique et sociale pour préparer au mieux le retour à domicile des patients.
En France, seuls 8 à 10% des patients souffrant d'insuffisance cardiaque, ont accès à un centre de réadaptation.
Quand l'insuffisance cardiaque s'aggrave
L'insuffisance cardiaque touche 500.000 personnes en France. Même s'il s'agit d'une pathologie au long cours, mieux vaut savoir comment réagir en cas d'aggravation ou de défaillance de son pacemaker. Explications avec le Dr Jean-Michel Tartière, chef du pôle cardio-vasculaire de l'hôpital Front-Pré à Toulon.
- Quels sont les signes d'aggravation ?
Dr Jean-Michel Tartière : "Il faut signaler à son médecin toute prise de poids d'au moins deux kilos en moins d'une semaine, un gonflement des chevilles et des jambes (marques laissées par les chaussettes en fin de journée) ou une difficulté accrue à l'effort. Le patient peut s'auto-surveiller : se peser un jour sur deux, repérer un effort qu'il fait dans sa vie quotidienne comme chercher le pain ou promener le chien, qui servira "d'effort-étalon" pour juger de sa fatigue ou de son essoufflement."
- Que faire ?
Dr Jean-Michel Tartière : "Ne pas hésiter à contacter son médecin généraliste ou son cardiologue. S'ils sont absents ou difficilement joignables, il faut se rendre au service des urgences de l'hôpital ou de la clinique la plus proche. Si le patient ne peut pas se déplacer sans prendre de risque pour lui-même ou pour autrui, appelez le Samu (15) ou les pompiers (18).
"Dans certains cas, la personne peut avoir convenu avec son médecin d'un médicament à prendre pour éliminer l'eau et le sel à l'origine de certains des symptômes."
- Comment surveiller la bonne marche de son pacemaker ?
Dr Jean-Michel Tartière : "Le patient doit être examiné dans les deux premiers mois, puis une à deux fois par an par son cardiologue afin de vérifier l'état de sa pile et ses réglages. Il dispose, dès la mise en place de son pacemaker d'une carte d'identité personnelle décrivant la marque de l'appareil et des sondes, les différents réglages et les différentes modifications effectuées pendant les consultations. À chaque visite, le cardiologue fait une estimation de la durée de vie du pacemaker afin de prévoir la date de changement."
- J'ai un défibrillateur et il m'a délivré un choc, que faire ?
Dr Jean-Michel Tartière : "Le patient reçoit un choc du défibrillateur après quelques palpitations ou un bref malaise alors qu'il ne s'y attendait pas. Cela lui a donné l'impression d'un violent coup de poing dans la poitrine. Dans ce cas là, il doit consulter le cardiologue qui a implanté l'appareil. S'il n'a reçu qu'un seul choc, la consultation peut avoir lieu dans les 24 heures. S'il a reçu plusieurs chocs, il est préférable qu'il consulte immédiatement en allant aux urgences ou en appelant le Samu."
- J'ai un défibrillateur et il s'est mis à sonner, que faire ?
Dr Jean-Michel Tartière : "Ce bruit est simplement une alarme qui doit inciter le patient à consulter le cardiologue ou le centre qui lui a posé le défibrillateur dans les 24 heures. La plupart du temps il s'agit d'une anomalie de fonctionnement bénigne. Il peut aussi s'agir d'un signe d'aggravation de l'insuffisance cardiaque que la personne n'avait pas encore remarqué."
- Depuis que j'ai débuté ce traitement, je me sens moins bien…
Dr Jean-Michel Tartière : "Tout traitement est susceptible de provoquer des effets indésirables. Ils ne sont pas nécessairement graves, mais peuvent être très gênants. La fatigue, la toux, les douleurs musculaires, les crampes, les problèmes dans la vie intime de couple... Même si c'est parfois difficile, il faut en parler à son cardiologue car il existe souvent une explication à ces effets et surtout une solution !"
Les dispositifs d'assistance cardiaque
En cas d'insuffisance cardiaque, lorsque le coeur est trop endommagé pour remplir correctement sa fonction de pompe, on peut proposer à certains patients de bénéficier d'un système d'assistance cardiaque. Cette machine sert de relais au coeur défaillant pour pomper le sang. Elle peut être utilisée en attente d'une transplantation cardiaque ou de manière définitive.
24 heures sur 24, le patient doit rester branché à la machine qui joue le rôle de pompe. Sans elle, leur coeur défaillant n'aurait pas assez de puissance pour expulser le sang vers les organes.
Le dispositif d'assistance cardiaque est constitué d'une pompe implantée directement dans le cœur et reliée à un boîtier de contrôle par un câble sortant de l'abdomen. Le courant électrique alimentant la pompe est fourni par deux batteries fixées à un harnais.
"Les dispositifs d'assistance permettent aux patients de retrouver une autonomie, une vie subnormale, de manger, de refaire du muscle, de refaire de l'activité physique...", explique le Dr Pascal Battistella, cardiologue. En France, seulement 200 patients bénéficient chaque année de l'implantation d'un dispositif d'assistance cardiaque.