La revue Prescrire plaide pour le retrait du Motilium®
Dans son édition du 19 février 2014, la revue indépendante Prescrire plaide pour le retrait du marché par les autorités sanitaires européennes d'un médicament utilisé contre les nausées et vomissements. Selon ses calculs, la dompéridone (Motilium® et génériques) pourrait être responsable "de 25 à 120 morts subites en 2012".
La dompéridone (Motilium® de Janssen Cilag, Peridys de Pierre Fabre et autres marques ou génériques) est un neuroleptique, qui a une "efficacité modeste" contre les nausées-vomissements banals, mais "augmente le risque de troubles du rythme cardiaque et de morts subites", selon la revue.
Le Motilium® et ses équivalents font d'ailleurs partie de la liste noire des 63 médicaments à éviter publiée fin janvier par Prescrire.
Depuis 2005, plusieurs études épidémiologiques, néerlandaises et canadiennes, auraient montré que les morts subites cardiaques sont environ "1,6 à 3,7 fois plus fréquentes" en cas d'exposition à la dompéridone.
En rapprochant les données de remboursements de l'Assurance maladie et la fréquence des morts subites en France, Prescrire extrapole "que 25 à 120 morts subites sont imputables à la dompéridone en 2012" en France.
Un dossier suivi par les agences sanitaires
Fin 2011, l'Agence française du médicament ANSM et la principale firme concernée ont informé les médecins et les pharmaciens du risque de mort subite. L'ANSM avait par ailleurs mis en garde contre l'usage non autorisé du Motilium® pour favoriser l'allaitement.
En mars 2014, l'ANSM doit se prononcer sur la dompéridone, mais Prescrire craint qu'elle "se contente de préconiser" des baisses de doses ou de durée de traitement. Ces mesures, "insuffisantes" pour protéger les patients, reporteraient "la responsabilité des agences sanitaires vers les soignants", déjà suffisamment occupés pour ne pas avoir, en plus ,"à expliquer aux patients que tel ou tel médicament est autorisé mais à éviter".
"Il est temps que les autorités sanitaires européennes retirent du marché ce médicament" poursuit la revue, selon laquelle il "peut aisément être remplacé par de meilleures solutions pour les patients".
En pratique, les troubles qui motivent la prise de ce médicament "disparaissent souvent spontanément", ou avec l'appoint de mesures diététiques, indique Prescrire. D'autres options thérapeutiques existent, comme le Mopral® en cas de reflux gastro-œsophagien (remontée du contenu de l'estomac dans la bouche).
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Environ 7% des adultes ont eu au moins une fois une prescription de ce médicament en 2012, soit environ 3 millions de personnes en France, d'après les données de l'Assurance maladie, selon la revue Prescrire.