Le ''burn-out'' menace un tiers des chirurgiens
Malades du travail... nos chirurgiens aussi vont mal. Près d'un tiers des praticiens de bloc se disent proches du burn-out, en raison d'un niveau de stress qui s'aggrave. Un épuisement professionnel qui pourrait entraîner une augmentation des accidents opératoires, selon les résultats d'une enquête menée par l'Association de prévention du risque opératoire (ASSPRO).
Leur pratique dans le bloc opératoire n'est pas directement en cause. Augmentation des tâches administratives, pression financière, productivité, risques de poursuites judiciaires, etc. : ces praticiens qui travaillent de 60 à 80 heures par semaine indiquent que ce stress résulte la plupart du temps de phénomènes liés à leur métier, mais extérieurs à leur pratique dans le bloc opératoire.
Le stress ce n'est pas au bloc !
"Beaucoup de chirurgiens et d'anesthésistes m'ont dit qu'en fait, c'était au bloc où ils avaient le moins de stress, parce qu'ils maîtrisent tous les imprévus de leur pratique", a indiqué à l'AFP Vincent Travers, chirurgien de la main et secrétaire général de l'association.
Les praticiens disent à 81% qu'ils exercent leur métier avec passion et à 70% qu'ils retrouvent avec plaisir leur équipe. Mais près de 25% expriment déception et pessimisme quant à la pratique de leur métier, et ils sont encore plus nombreux à appréhender la charge de travail quotidienne.
Quant aux poursuites judiciaires, bien que 90% d'entre elles se terminent par un non-lieu, "le fait qu'elles soient engagées, surtout si elles sont injustifiées, est très mal vécu", a expliqué le Dr Travers.
Vers une augmentation des accidents opératoires liés au stress ?
Effectuée auprès de 1.204 praticiens en "plateaux techniques lourds" (chirurgiens, anesthésistes, obstétriciens), l'enquête de l'association ASSPRO montre que les spécialistes de bloc évaluent leur stress à un niveau 8 sur une échelle de 10.
Le stress des praticiens de bloc peut avoir de graves conséquences pour ces professionnels (taux de suicide deux fois plus élevé que la moyenne à 6,3%), et pour les patients. Chaque année, d'après les statistiques les plus récentes, on dénombre de 60 à 95.000 "événements indésirables graves" sur un total de 1,5 million d'interventions chirurgicales (soit 4 à 6%).
Selon l'étude, l'aggravation du stress de ces professionnels est "un signal susceptible d'alerter sur un risque potentiel d'augmentation des accidents".
L'association mène une réflexion sur de "nouveaux moyens d'accompagnement" dans la prévention du risque opératoire, à l'exemple de ce qui se fait dans le secteur aérien.
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