Le toucher vaginal pointé du doigt
Des médecins américains remettent en cause l'utilité du toucher vaginal lors de l'examen gynécologique annuel des femmes.
Le toucher vaginal, passage obligé voire redouté de la consultation gynécologique, ne sera-t-il bientôt plus qu'un mauvais souvenir ? L'examen vient en effet de subir le désaveu de l'American College of Physicians (ACP), qui se prononce dans ses dernières recommandations contre sa pratique lors des examens de routine.
Selon la société savante américaine, qui publiait ses conclusions dans la revue Annals of Internal Medecine, lundi 1er juillet 2014, le toucher vaginal effectué lors de l'examen gynécologique de routine effectué annuellement par les femmes serait inutile et même contre-productif car pouvant induire des erreurs de diagnostic.
Toucher coulé
Jugé gênant pour un grand nombre de femmes, "cet examen ne donne aucun résultat positif chez les femmes sans symptômes, présentant un risque moyen de cancers gynécologiques et qui ne sont pas enceintes", indique Dr Linda Humphrey co-auteur de cette recherche, précisant qu'il "permet rarement de détecter des maladies graves, ne réduit pas la mortalité" et "conduit à des résultats faussement positifs ou négatifs qui entraînent des coûts supplémentaires".
Les auteurs de ces recommandations précisent cependant que l'objet de leur analyse se limite à l'utilisation du toucher vaginal lors des contrôles de routine chez les femmes sans troubles apparents. Pour l'heure, l'American College of Physicians ne remet donc pas en cause son intérêt pour des femmes qui présentent certains symptômes (pertes vaginales, saignements anormaux, dysfonctionnements sexuels). Elle rappelle également que le frottis cervico-utérin, qui consiste à prélever de cellules à la surface du col de l'utérus à l'aide d'un spéculum, demeure en revanche indispensable, notamment dans le dépistage précoce du cancer du col de l'utérus.
Une mise à l'index déjà ancienne
Cet avis de la société savante américaine altère donc l'image déjà écornée du toucher vaginal, déjà vivement critiqué dans les pays anglo-saxons depuis une dizaine d'année.
"Le débat autour du toucher vaginal n'est pas neuf", rappelle Béatrice Guigues, vice-présidente du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). "Aujourd'hui l'examen ne doit plus être proposé de manière systématique mais au cas par cas, en fonction du trouble de la patiente, mais aussi de ses craintes quand cela est possible. Ainsi chez une très jeune patiente qui vient en consultation pour une demande de contraception, ce geste qui peut être mal vécu n'est pas indiqué.
En revanche, face à une plainte de douleur pelvienne accompagnée d'autres signes cliniques, il peut être un élément de diagnostic. Il n'est d'ailleurs jamais pratiqué seul, mais participe à une faisceau d'indices", précise la gynécologue qui juge regrettable une possible diabolisation d'un geste "pas plus traumatisant" qu'un frottis, qui lui demeure indispensable dans le dépistage du cancer du col de l'utérus, et doit être effectué au moins tous les 3 ans au delà de 25 ans comme le rappelle les recommandations américaines et françaises. Le spéculum à donc pour sa part encore de beaux jours devant lui.