Les dangers de l'alcool consommé à l'adolescence
Binge drinking : boire massivement et très rapidement. De plus en plus de jeunes se prêtent à ce jeu dangereux. Quelles sont les conséquences à long terme de cette pratique en termes d'atteintes du fonctionnement cérébral et de vulnérabilité à l'addiction ? Des chercheurs de l'Inserm se sont penchés sur la question, en observant ces effets sur des rats, dans le cadre du projet européen "AlcoBinge".
"AlcoBinge", un projet de recherche sur les effets à long terme du "binge drinking"
Extrait du documentaire "Jeunesse en quête d'ivresse", diffusé sur France 5, le 11 décembre 2012
Alors que l'addiction à l'alcool concerne aujourd'hui 5 millions de Français, la consommation d'alcool se banalise chez les jeunes, de plus en plus adeptes de pratiques dangereuses telles que le "binge drinking".
Pour mieux comprendre les effets à long terme d'une consommation d'alcool répétée au cours de l'adolescence, les chercheurs ont observé le comportements des rats soumis à des intoxications alcooliques récurrentes au cours de leur "jeunesse" (le rat est considéré comme adolescent 30 à 40 jours après sa naissance). Notamment leur prédisposition et leur motivation à consommer de l'alcool pouvant créer une addiction, à l'âge adulte.
Les résultats de cette étude, coordonnée par l'équipe de Mickaël Naassila (Unité INSERM ERi 24), et publiés dans la revue Neuropharmacology, montrent que "les intoxications répétées à l'adolescence, alors que le cerveau n'a pas fini sa maturation, entraînent une perte de contrôle de la consommation d'alcool à l'âge adulte, et provoquent des modifications neurologiques à long terme."
D'un point de vue comportemental, les rats adultes exposés dans leur jeunesse à des ivresses alcooliques deviennent, à l'âge adulte, plus vulnérables à l'alcool, perdant le contrôle de leur consommation. Leur motivation pour obtenir de l'alcool devient compulsive et excessive par rapport au groupe de rats témoins.
D'un point de vue neurologique, des modifications dans le cerveau ont également été observées chez les rats soumis à des ivresses alcooliques répétées au cours de leur adolescence (semblables au "binge drinking").
Les chercheurs ont ainsi démontré qu'une sous-région bien précise dans une zone cérébrale qui joue un rôle primordial dans le comportement addictif est moins réactive, plus tard, à une nouvelle exposition à l'alcool. Ce qui pourrait expliquer leur plus grande vulnérabilité face à l'alcool.
Bien que menés chez le rat, ces résultats confirment qu'une consommation répétée d'alcool à l'adolescence, façon "binge drinking", rendent les sujets adultes plus vulnérables à l'alcool et induisent à long terme des modifications neurologiques.
Source : "Alcohol intoxications during adolescence increase motivation for alcohol in adult rats and induce neuroadaptations in the nucleus accumbens", Stéphanie Alaux-Cantin*, Vincent Warnault*, Rémi Legastelois, Béatrice Botia, Olivier Pierrefiche, Catherine Vilpoux and Mickaël Naassila, Neuropharmacology, http://dx.doi.org/10.1016/j.neuropharm.2012.12.007
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