Malgré un accès plus difficile, le nombre d'IVG reste stable
La Direction de la Recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) publie les chiffres d'interruption volontaire de grossesse en France en 2011 et 2012. Le recours à l'IVG est stable depuis 2006, avec des taux toujours plus importants dans les DOM.
"Même si l'accès à l'IVG se complique, les femmes qui en ont besoin parviennent à y recourir", explique Nathalie Bajos, directrice de l’équipe Genre, santé sexuelle et reproductive à l'Inserm. Les interruptions volontaires de grossesse restent donc au même niveau depuis 2006 malgré la disparition de plus de 150 centres qui les pratiquent ces dernières années.
Mais cette sociologue spécialiste des questions de contraception pointe une inexactitude dans l’analyse des chiffres réalisée par les auteurs de l'étude publiée par la Drees (Les interruptions volontaires de grossesse en 2011, Etudes et Résultats, juin 2013). Ils estiment en effet que la stabilité des statistiques sur les derniers mois de 2012 traduit déjà l’absence d’effet délétère généré par "l’annonce du déremboursement des pilules de 3ème et 4ème génération".
Quel lien avec la crise des pilules de 3ème et 4ème génération ?
"S’il y avait un effet lié au déremboursement, ce serait depuis son application en mars 2013, précise Nathalie Bajos. Et si c’était à cause de la "panique" générée par les informations inquiétantes diffusées sur ces pilules au tout début de l’année, c’est également en dehors du champ observé !"
Pour l’instant, au centre d’orthogénie et de planification de la Maternité des Lilas, le Dr Marie-Laure Brival, chef de service, "ne constate pas de recours accru à l’IVG suite à cette mise au jour des risques associés aux pilules. Plusieurs patientes ont arrêté brutalement de les prendre, poursuit-elle, mais en mettant en place immédiatement des solutions alternatives comme le préservatif."
Echec des méthodes contraceptives
Cette gynécologue-obstétricienne en profite pour dénoncer les clichés souvent développés autour de cette question. "Les opposants à la loi Veil disaient que toutes les femmes arrêteraient de prendre des précautions et avorteraient", se souvient-elle. "Puis lorsque le délai a été passé de 12 à 14 semaines, on a aussi annoncé les pires dérives... qui ne se sont pas du tout confirmées".
En 2007, une étude précédente de la DREES montrait d’ailleurs que 2 femmes sur 3 ayant recours à l’IVG utilisaient une méthode contraceptive. Leur grossesse non désirée était provoquée par un oubli de pilule ou un accident de préservatif. Au cours de la vie, 36% des femmes auront ainsi recours à l’avortement en France métropolitaine… 60% dans les DOM.
Situation plus difficile dans les DOM
C'est une autre constante inquiétante. Le taux de jeunes femmes de moins de 20 ans concernées par l’IVG est ainsi de 33 pour mille dans les DOM, plus du double des 14 pour mille recensés en métropole. "En matière de santé sexuelle et reproductive, la situation des DOM est vraiment problématique", déplore Nathalie Bajos, directeur de recherche à l’Inserm. "Il y a un très mauvais accès aux structures de prévention et à la contraception".
L’ensemble n’a pas été diminué par la diffusion simplifiée de la pilule du lendemain ces dernières années. "Même si les progrès sont réels, elle n’est pas encore assez disponible pour avoir un impact réel sur le nombre de grossesses indésirées", conclut Nathalie Bajos.
Enfin, la part croissante des IVG par voie médicamenteuse augmente, elle atteint désormais les 55%. Mais même si elles peuvent être réalisées depuis 2009 par des centres de santé et des centres de planification ou d’éducation familiale, ces structures restent très minoritaires dans l’accueil des patientes.
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