Mediator : la justice enquête sur les conflits d’intérêts
Le siège de l'Agence du médicament (Afssaps) et le domicile de plusieurs responsables de cette autorité sanitaire ont été perquisitionnés, jeudi 2 février 2012. Les juges chargés des enquêtes sur le Mediator tentent d'éclaircir les éventuels liens entre l'agence et le laboratoire Servier qui fabriquait ce médicament.
"Il faut tout éclaircir, se servir du cas d'école du Mediator pour comprendre comment un tel drame a pu se produire", affirme le Dr Irène Frachon, pneumologue à l'hôpital de Brest qui a la première donné l'alerte sur ce médicament.
Elle espère donc que les perquisitions réalisées dans les locaux de l'Agence du médicament et les domiciles de certains de ses cadres vont y parvenir. Elles ont eu lieu dans le cadre des deux informations judiciaires en cours visant notamment les laboratoires Servier, créateurs du Mediator. L'une pour "tromperie aggravée" et l'autre pour "blessures et homicide involontaires". Car ce médicament officiellement présenté comme un anti-diabétique, mais utilisé comme coupe-faim, a provoqué de graves maladies cardiaques responsables du décès de centaines, voire de milliers de personnes avant son interdiction.
"C’est peut-être une chance exceptionnelle de vraiment décrypter les mécanismes des conflits d'intérêt autour du médicament, poursuit la pneumologue. De savoir s'il s'agit vraiment de corruption dure ou plutôt d'une proximité affective douteuse par exemple...". Et à côté ou en plus d'éventuelles compromissions, des problèmes de compétence des experts peuvent aussi être en cause. "Loin de moi l'idée de tous les traiter de corrompus", conclut le Dr Frachon. Certains pourront au contraire être blanchis et sortir du malaise dans lequel cette affaire les a plongés." Les audiences de l'instruction pour "tromperie aggravée" se poursuivent ce lundi 6 février 2012.
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