Mediator : perquisition et arrestations chez Servier
Une perquisition a eu lieu mardi 13 mars au siège du groupe Servier, laboratoire pharmaceutique du Mediator. Moins de cinq salariés ont été placés en garde à vue. Le groupe est soupçonné d'avoir détruit des preuves. Deux informations judiciaires sont en cours pour "tromperie aggravée" et pour "blessures et homicide involontaires". Utilisé par cinq millions de personnes en France, le Mediator pourrait être responsable d'au moins 500 à 2 000 décès.
Nouveau rebondissement dans l'affaire du Mediator. Mardi 14 mars 2012, à la mi-journée, une perquisition a eu lieu au siège des laboratoires Servier à Suresnes, et moins de cinq salariés ont été placés en garde à vue. Les trois juges enquêtant sur ce scandale sanitaire ont obtenu du parquet l'autorisation de creuser des accusations selon lesquelles le groupe de Jacques Servier aurait détruit des documents l'incriminant.
Un porte-parole de Servier a confirmé qu'"une demi-douzaine de collaborateurs de Servier ont été questionnés à Nanterre mardi au sujet de documents passés à la broyeuse".
En février 2012, plusieurs perquisitions avaient déjà été menées au siège de l'Agence du médicament (Afssaps) à Saint-Denis et aux domiciles de plusieurs responsables de l'Agence. "Dans ce dossier, tout est lié", a indiqué un enquêteur.
Preuves à la broyeuse
En septembre 2011, le patron des laboratoires produisant le Mediator, Jacques Servier avait été mis en examen, ainsi que cinq sociétés du groupe, notamment pour tromperie et escroquerie.
Un mois plus tard, Le Monde révélait le témoignage d'un ancien responsable de la sécurité de Servier qui affirmait avoir passé de nombreux documents à la broyeuse pendant l'enquête sur le Mediator.
Contacté par l'AFP, le député PS Gérard Bapt, qui avait présidé la mission d'information parlementaire sur le Mediator, a dit ne pas être "étonné" par cette perquisition, ni par les soupçons de destruction de preuve.
"Servier a cherché à effacer ce qui allait dans le sens de déclarations très lourdes d'anciens chercheurs des laboratoires", a estimé le parlementaire qui a été entendu comme témoin par les juges en janvier.
Le député PS faisait référence à Jean Charpentier et Jacques Duhault, deux anciens chercheurs du laboratoire qui avaient assuré aux juges que les caractéristiques anorexigènes du Mediator - sa nature amphétaminique - avaient été gommées pour en faire un antidiabétique afin de faciliter l'obtention de son autorisation de mise sur le marché (AMM), selon des extraits de leurs procès-verbaux publiés en septembre par Libération et Le Figaro.
Premier procès au printemps
Utilisé par cinq millions de personnes en France, le Mediator est à l'origine de graves lésions des valves cardiaques et pourrait être responsable de 500 à 2 000 décès.
Le Mediator, qui contient une molécule coupe-faim, le benfluorex, a été indiqué pendant trente ans, d'abord contre l'excès de graisses du sang, puis comme traitement adjuvant chez les diabétiques en surpoids, avant d'être retiré du marché le 30 novembre 2009. Il a en fait été largement prescrit pour maigrir.
Dans un autre volet du dossier, ouvert par la citation directe de plusieurs plaignants, les laboratoires Servier et son fondateur Jacques Servier devraient comparaître au printemps à Nanterre dans le premier procès pénal sur l'affaire.
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